Clara Delcroix

Mère bipolaire de retour à la maison, quel constat ?

À la fin du mois de février, j’écrivais Le retour de la mère prodigue au sujet de ma mère bipolaire (suite de Une année en enfer avec ma mère bipolaire et Bipolaire face au juge des tutelles). Aujourd’hui, près de 8 mois plus tard, où en sommes-nous ?

Elle est partie, elle est revenue, je suis partie, vais-je revenir ? Voilà comment résumer la situation en quelques mots. Lors de la rédaction du premier article, j’avais 20 ans. J’en ai 21, 22 dans quelques semaines. De l’eau a coulé sous les ponts. Quand ma mère n’était plus là, j’avais l’impression que je ne la reverrais plus jamais… Pour le meilleur ou pour le pire ?

Depuis plusieurs mois désormais, ma mère est revenue vivre chez nous. Au « domicile familial », comme se plaisent à le nommer les diverses institutions juridiques ou médicales.

Maman est rentrée, mais pour autant tout n’est pas réglé.

Avec un bipolaire, des milliers de choses à s’occuper

Même sans être là, et sûrement sans le faire exprès, elle provoquait une tonne de choses à régler : de la paperasserie, des problèmes, de-ci, de-là… Alors ce serait comment si elle revenait ?

Ça m’obnubilait, ça cogitait tout le temps dans ma petite tête qui n’avait qu’une envie : que tout s’arrête, que tout redevienne « normal ». Mais où se situe la normalité quand on est « aidant » d’un bipolaire ? Personne ne peut nous répondre. Personne ne le sait sûrement.

Le corps médical ne connaît « que » ce qu’il a appris dans les livres. Les autres « aidants » peuvent connaître des situations similaires, parfois même très similaires, mais rien n’est jamais exactement pareil.

Depuis la publication du premier article, je peux vous assurer que j’en ai reçu des coups de fil, des mails… des aidants désemparés ne sachant pas comment s’y prendre avec leur proche bipolaire. Est-ce que je dois l’hospitaliser ? Comment va-t-il le prendre ? Est-ce que je dois le laisser vivre seul ? Dois-je m’éloigner ? Est-ce qu’il vaut mieux qu’il vive avec moi et que je supporte ses excès ? Comment gérez-vous les crises ? À qui s’adresser ?

Tout un florilège de questions… Mais vraiment, personne d’autre n’est là pour répondre ? C’est une gamine de 20 ans qui aurait toutes les clefs entre ses mains ? Moi, je n’en sais rien… Je n’écris ici que mon ressenti, celui de mon père et de ma sœur, ce que nous vivons. N’empêche que c’est aberrant. Je me retrouve dans la même situation que ces gens : une foultitude de questions qui se heurtent encore et toujours à un énorme mur. Personne n’est là pour nous répondre.

Un psychiatre pas comme les autres ?

Je dois nuancer mon propos. Un psychiatre, un seul psychiatre de ma mère nous a écoutés et a pris en compte nos paroles. Il a essayé de rétablir un dialogue entre ma mère et le reste de la famille. C’était loin d’être gagné et je lui suis reconnaissante d’avoir essayé.

Lors de sa dernière hospitalisation, ma mère a basculé de la phase haute à la phase basse, de la phase maniaque à la phase dépressive. Après plus de deux ans de phase haute, doit-on le prendre comme un soulagement ?

Petit à petit, le psy a instauré des visites au « domicile familial ». Un week-end. Une semaine. Puis le retour définitif. Pour toujours. Ça fait peur. C’est un plongeon dans l’inconnu. La famille était un peu divisée sur cette question. Papa a toujours dit de laisser des portes ouvertes, alors un retour, il n’était pas contre. Ma sœur, elle, n’était vraiment pas pour. Et moi ? Je nageais entre deux eaux, j’étais partagée. À posteriori, je pense que j’appréhendais beaucoup.

Mais ce psychiatre, est-il la règle ou l’exception ? En tout cas, le temps de ce suivi, j’étais soulagée. Ça n’a pas duré.

Petite parenthèse : les deux psychiatres avec lesquelles nous étions en conflit au début de la  phase maniaque de ma mère ont été auditionnés par l’Ordre des médecins. Ils ont aussi été convoqués devant le conseil de l’Ordre des médecins et l’agence régionale de santé (ARS) a ouvert une enquête à leur sujet.

Après deux ans d’absence, ma mère bipolaire revient

C’est fou tout ce qui peut se passer en deux ans. J’aurais pu me marier. J’aurais pu déménager. Ou encore partir loin. J’aurais pu être hospitalisée. Mais non, rien de tout ça. À l’intérieur, j’ai quand même dû changer, un peu du moins.

Maman ne me manquait pas vraiment. Je m’étais accoutumée à l’idée de recevoir un jour un coup de fil. « Oui, bonjour, c’est la police / les pompiers / je ne sais qui, on a retrouvé votre mère. Elle est décédée. » Ça semble un peu trash dit comme ça, mais à force de désillusions, je m’étais fait une raison. Quelle pouvait être l’issue de toute cette histoire ? Je n’en avais aucune idée. Et encore aujourd’hui, même si elle est rentrée, je me demande quelle sera l’issue.

Pas de coup de fil. Le cours de l’histoire en a voulu autrement. C’est peut-être mieux ainsi.

Qu’elle vienne revivre sous notre toit, d’accord. Mais pour moi, ça ne remettait pas tous les compteurs à zéro. Difficile de pardonner certains excès. En tant qu’aidant, on entend souvent : « Il faut la pardonner. C’est la maladie, ce n’est pas elle. »

Et un jour, de la bouche d’un psy : « On ne sait jamais ce qui est de la maladie et de la personnalité de l’individu. » Comment suis-je censée m’y repérer dans tout ça ? Quoi penser ? Faut-il, en fin de compte, se forger sa propre idée ?

Les deux ans d’absence restent en travers de ma gorge. J’essaie d’oublier, de ne pas m’y conformer, mais comment ?

Un retour en deux temps

La fin de sa cavalcade n’a pas mis fin aux problèmes. Maman est rentrée. Dans un premier temps, on avait l’impression qu’elle voulait faire bonne figure : elle s’investissait dans les tâches quotidiennes, elle essayait de donner le meilleur d’elle-même (dans la mesure de ce que la maladie permettait).

Très rapidement, ce premier élan s’estompe. Même mes grands-parents de 89 et 93 ans s’investissent plus (un incendie les a conduits à vivre chez nous). Elle n’a « plus l’énergie » pour les tâches quotidiennes de la maison (entretien ménager, cuisine, toilette, etc.) – mais conserve l’énergie d’aller à l’hôpital de jour pour les ateliers dessin, musique et autre. Dois-je la mettre en cause ? Je ne fais que constater.

Les mois s’enchaînent. J’ai parfois l’impression que ma mère est à l’hôtel. Elle ne fait rien, on doit la servir. Seule exception : elle s’est occupée une grosse semaine de mes grands-parents pour nous permettre de partir en vacances. Nous lui avions préparé les courses, détaillé l’organisation des repas et une aide à la personne passait régulièrement.

Le retour de ma mère, c’est le retour des longues discussions sans but. Chacun doit rester assis sur sa chaise et écouter le laïus du bipolaire. Je me plie à l’exercice sans être convaincue de son utilité, sans savoir si ça la soulage d’une manière ou d’une autre.

Le mandataire spécial prend le contrôle

On le connaissait déjà, le mandataire spécial. Depuis le passage devant le juge des tutelles, on l’avait rencontré, on l’avait surtout eu au téléphone. Mais depuis le retour de ma mère à la maison, ça ne s’est pas vraiment arrangé.

J’ai toujours du mal à saisir le fonctionnement du mandataire spécial. Chacun doit payer pour soi, mais si ma mère envoie la facture, le mandataire peut rembourser – parfois avec de longs délais. Je ne me focalise pas sur le sujet. Papa a mieux compris, je crois. Ce mandataire, c’est l’une des raisons pour lesquelles j’essaie de trouver une relative indépendance financière.

Je ne veux pas dépendre de ma mère, de ces crises (du jour au lendemain, elle peut tout dépenser ou décider de couper les ponts, y compris sur le plan financier) et de ce mandataire. En contrôlant les dépenses de ma mère, j’ai l’impression qu’il contrôle en quelque sorte aussi ma vie.

Première rencontre avec un nouveau psychiatre

Arrive le mois de juillet et la tant attendue rencontre avec le nouveau psychiatre de ma mère bipolaire (enfin, nouveau pour quelques mois… puisque ce psy partira courant octobre). Je n’avais pas un très bon pressentiment avant le rendez-vous.

Du peu que j’en avais entendu parler, les méthodes de ce psychiatre me laissaient dubitative : presque chaque semaine, la médication de ma mère se modifiait. Il me semble que les bipolaires ont besoin de stabilité. Mais bon, je ne suis pas du corps médical, alors comment juger ?

L’entretien commence. Plus la discussion avance, plus je suis médusée. Le psy est en train de nous sermonner, ma sœur et moi. Et plus ça avance, plus ça y va ! Je souligne régulièrement que je n’ai pas la science infuse, que je n’ai pas étudié la psychologie, ni même la médecine. Mais j’appuie aussi le fait que je vis au quotidien avec une bipolaire… depuis 20 ans. Depuis mon enfance. J’essaie de faire au mieux, même si je m’y prends comme un pied.

La réponse sonne comme une claque. Nous devrions être plus investies et plus gentilles pour aider notre mère. On frôle le « vous êtes de mauvais enfants ». J’hallucine. Sait-il au moins ce que j’ai enduré ? À aucun moment il nous demande comment nous allons, si nous nous en sortons… L’usager se retrouve au centre de la discussion. Les aidants, on s’en fiche, une fois de plus…

Tout ça pour ça ? J’ai l’impression d’être revenue au point de départ. À la fin de l’entretien, je ne veux même plus rencontrer ce psy. Pour recevoir une leçon de morale et me sentir encore un peu plus mal, non merci. Depuis le psy n’a jamais recontacté personne de la famille, ni mon père, ni ma sœur, ni moi.

Nouveau départ du domicile… mais pas de ma mère bipolaire cette fois

Les vacances passent et se terminent. C’est à mon tour de quitter le domicile. Je ne pars pas comme une voleuse. Je pars comme une enfant qui quitte ses parents : je vais poursuivre mes études à Paris.

Au fond de moi, une petite voix se réjouit de ce départ. Je me souviens de mon année en Lituanie. À l’époque, une bouffée d’oxygène, un an loin des problèmes. Même si les ennuis existent, je ne les vis plus au quotidien.

Je ne subis plus les crises de nerfs, les cris et les pleurs, les mines abattues et les pics d’agressivité. La peur de rentrer et de retrouver un cadavre, suite à une overdose de médicaments par exemple. La peur, dans les instants de délire, qu’elle se saisisse d’un couteau ou autre et que ça dégénère. Tout s’estompe.

Une autre voix se réveille en moi : mon père et ma sœur doivent prendre le relais à deux. Personne n’est indispensable, mais c’est quand même plus facile d’avoir une paire d’épaules de plus pour supporter tout ce poids. Je me sens un peu coupable et j’ai l’impression en quelque sorte de les abandonner.

À chacun de mes retours à Lille, une boule grossit dans mon ventre quelques heures avant mon départ. J’appréhende de rentrer chez moi. Je ne sais jamais vraiment dans quel état elle sera, mais je sais que ce ne sera jamais un week-end de repos.

Image pinterest - mère bipolaire de retour à la maison
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Le retour de la mère prodigue

En début de week-end, nous avons tous les trois (mon père, ma sœur et moi) posté une vidéo de la chanson d’une Georges Chelon de 1987 : Père prodigue. Nous avons indiqué que l’on vous expliquerait rapidement les raisons du choix et de la diffusion de cette chanson. Les voici.

Père prodigue de Georges Chelon

Dans le dernier article, je vous « racontais » notre passage devant le juge des tutelles et la mise sous curatelle renforcée de ma mère. C’était le 27 janvier.

Annonce de la phase basse de notre bipolaire

Le mercredi 10 février, mon téléphone sonne. C’est l’hôpital psychiatrique où ma mère séjourne actuellement. Grosso modo, elle y est en continu depuis son hospitalisation au mois de novembre. 

Je m’empresse de rejoindre les autres membres de la famille afin d’écouter ce que l’EPSM a à nous dire au sujet de notre bipolaire !

Surprise, c’est elle au téléphone… Elle souhaite, partiellement en pleurs, se rapprocher de nous, reconstituer la famille (à quatre donc) et nous revoir, y compris mon père cette fois (ce n’était pas le cas lors de la rencontre de décembre.). Pour cela, nous devons demander un rendez-vous auprès du docteur psychiatre qui la suit dans cet établissement.

Le conciliabule entre nous trois n’est pas très long et nous cherchons à joindre la personne concernée avec qui nous fixons un rendez-vous la semaine suivante (le jeudi 18 au matin).

Depuis longtemps, on s’était fait l’idée que dès que l’apparition de la phase down de la bipolarité, les instances psychiatriques feraient appel à nous. Le retour à la réalité et à la vraie vie (le malade prend de plein fouet toutes ses erreurs, tous ses comportements déviants, toutes les méchancetés proférées envers ses aidants et autres) est très difficile à supporter et on confie l’accompagnement dans ce cas à la famille (c’est ce qui a été pratiqué lors des précédentes hospitalisations de ma mère, du moins).

Première rencontre avec la famille complète depuis des mois

C’est ce qui se présente ce jour-là… Et nous savons que l’on nous proposera rapidement un retour de la personne atteinte de trouble psychiatrique au sein de la famille, à la maison !

Nous avons à ce sujet trois positions bien différentes. Ma sœur est contre un retour quelle que soit sa forme pour l’instant, mon père répète que l’on doit laisser une porte ouverte et je suis entre les deux : oui, mais avec des conditions !

La psychiatre prend la parole d’entrée lors de la réunion, et ma mère de répéter : « J’ai préparé un texte que je veux vous lire. » La psychiatre lui dit qu’elle aura le temps de le lire. En effet, elle le lira plus tard… Cela nous évoque un texte d’excuses qu’un parent demande d’écrire à son enfant ou d’un prof à un élève.

Le mot d'excuses de ma mère bipolaire © Yseult Delcroix
Le mot d’excuses de ma mère bipolaire © Yseult Delcroix

Notre père, de son côté, avait anticipé une question qu’il poserait avant d’aller plus loin dans l’échange : qu’en est-il de la demande de divorce ? Réponse de ma mère : il est hors de question de divorcer, c’était une erreur ! Pour l’instant, ne sachant trop rien à ce sujet, nous ne posons pas de questions sur la plainte qu’elle aurait déposé, notamment vis-à-vis de mon père.

La réunion se poursuit avec des excuses réitérées comme un leitmotiv !

On entend également le médecin psychiatre lui dire : « Oui, vous devez prendre régulièrement votre traitement, et ce pour toute votre vie. Et oui, vous souffrez bien d’un trouble bipolaire, toutes les autres possibilités (autisme, syndrome d’Asperger…) ont été écartées ».

Petit état des lieux des choses que nous devons mettre en place dans l’urgence

Visiblement, le médecin préfère que nous ne nous rendions pas à la maison de campagne, car il y a un gros gros problème de ménage à faire. Elle semble vouloir faire « nettoyer » en partie les dégâts par le « malade » (pour une prise de conscience ?) et peut-être pour nous préserver sur le plan psychologique sur la manière dont ma mère a vécu pendant ces deux dernières années.

Cependant, nous en aurons un aperçu, car dans l’urgence, on nous avertit qu’il y a un souci avec la voiture que nous avions confié au mandataire spécial (promu curateur entretemps) pour notre mère. En effet, nous devons la récupérer sur une place de dépose-minute devant l’entrée des urgences du CHR ! Une demande d’enlèvement est en cours auprès de la fourrière…

À notre arrivée, on découvre un pneu lacéré et l’intérieur de la voiture… une vraie poubelle, avec des fruits et d’autres aliments pourris, du bric-à-brac de récupération (notre mère en phase haute conserve tout et n’importe quoi… ) et, cerise sur le gâteau pourrait-on dire, le tissu du siège passager est décoré de points verts plus ou moins gros de moisissure… Le volant est collant à souhait, sans parler de l’odeur. C’est à tel point que je refuse de conduire la voiture jusque chez nous ! Mon père se dévoue…

Bien entendu, comme on s’y attendait, on nous demande ce que l’on peut faire maintenant. Mon père, qui expose nos points de vue et certaines conditions que nous mettons, indique notre approbation à accueillir notre mère à la maison 1 jour pendant le week-end : c’est complexe pour nous en semaine. Vu la distance du centre (à 1 h de route environ), la journée se transforme en un week-end complet (samedi et dimanche).

Le rendez-vous est pris. Notre mère, qui souhaite venir rapidement, séjournera pendant deux jours le week-end. Nous avons déjà de l’expérience de ce genre de situation puisque nous nous rappelons tous au moins le retour en 2013…

Le passage à la maison familiale d’un bipolaire en phase down

On est en mesure de comprendre la réaction de la bipolaire en phase basse… Ce week-end, on peut la recevoir ? On avait indiqué que ce n’était pas possible pour nous le week-end prochain. Pour l’accueillir, on souhaitait mettre la chanson de Georges Chelon, mais en la réécoutant, on s’est aperçu qu’à la fin, il disait à ce Père prodigue qu’il pouvait retourner d’où il venait et ce n’était évidemment pas notre cas.

Cela ne nous a pas empêchés de la publier dans nos réseaux, car nous retrouvons l’esprit de ce rendez-vous.

Comme prévu, nous sommes à l’heure à l’hôpital psychiatrique pour récupérer notre mère. Elle nous confie aussitôt les médicaments et une ordonnance. Toutefois, on nous a indiqué, ce que nous savions, que nous ne devions pas jouer les chiens de garde à ce sujet !

Quelques vagues sujets sont abordés en cours de voyage, comme par exemple à quel endroit veut-elle coucher puisque depuis plus de 10 ans, mes parents font chambre à part… Nous sommes très surpris de sa requête : elle demande si elle peut dormir avec mon père ! Celui-ci, conciliant, accepte.

En réalité, nous avons des tonnes de questions à lui poser !

Un retour à la maison après un an et demi d’absence

À l’arrivée à la maison, nous faisons un tour du propriétaire pour lui montrer les changements (la disparition de son bureau qui est devenu le mien notamment).

La fatigue due au traitement, c’est habituel. Aussi, elle passe la plupart de sa journée alitée (après chaque repas et elle ne peut rester sans se coucher plus de 2 h !).

Mais nous pouvons quand même discuter. Nous souhaitons savoir beaucoup de choses sur cette année et demi passée loin de nous, avec comme seules informations principalement des on-dit. D’autant que nous apprenons qu’elle a réussi à dépenser plus de 200 000 € pendant cette période, simplement pour ses plaisirs personnels ! Cela nous renvoie évidemment en pleine figure nos problématiques avec le service psychiatriques dont elle dépend dans la métropole lilloise.

Nos échanges nous permettent de confirmer certains propos que nous avions émis sur le secteur psychiatrique Lillois qui, pour nous, a commis des fautes professionnelles ! Un exemple : l’infirmière qui devient amie de notre mère, ou la confirmation qu’une personne de l’unité locale de soins psychiatrique lui a suggéré ce qu’il fallait faire pour un retour à son « Club med » de la psychiatrie… Que les malades se conseillaient entre eux d’être suivi par tel médecin qui donnait peu, très peu, voire pas du tout de médicaments…

Pas une mais deux plaintes

Une annonce nous a particulièrement abasourdis : notre mère a porté plainte contre nous ! Comme elle nous l’explique, c’est le personnel de l’établissement psychiatrique de la métropole lilloise qui le lui a « conseillé », qui l’a orientée !

C’est simple, nous avons « pratiqué des violences psychologiques » et notre père en prime aurait « commis des viols conjugaux dans les dix dernières années » ! Comme dit en début d’article, mes parents dorment de façon séparée sauf à de rares exceptions depuis plus de dix ans… Ma mère nous assure qu’elle va retirer sa plainte… Ouf ! On avait tout imaginé sauf cela…

On se pose beaucoup de questions sur les médecins de cette unité de soin locale de laquelle nous dépendons. Déjà, notre mère nous disait avant cet épisode que les psychiatres cherchaient à la faire divorcer de son mari. Comme elle n’avait jamais franchi le pas, devaient-ils aller plus loin ?

Mais c’est là aussi que se pose souvent l’une des limites de l’écoute des psychiatres… Une écoute mono-canal car, rappelez-vous, personne ne voulait nous entendre. Aussi, notre mère, la bipolaire de la famille, pouvait raconter à qui voulait l’entendre ce qu’elle désirait. Le personnel hospitalier la croyait sur parole. Ceci explique que notre père ait été traité de blaireau par un membre du personnel, si elle racontait ce genre de choses qui évidemment étaient toutes fausses…

Alors, oui, nous avons aussi la confirmation que c’est bien du personnel de l’hôpital qui a permis le rapprochement de cette bipolaire avec un autre malade psy (violent) afin de nous garder à l’écart. On lui a suggéré d’aller habiter chez ce malade qui, par la suite, l’a frappée… Elle a aussi porté plainte contre lui d’ailleurs… Mais nous ne savons pas encore pourquoi ou par qui elle a été conseillée pour retirer sa plainte. Sa réponse (« parce qu’il était malade mental ») ne nous satisfait pas !

Des remords à ne plus savoir qu’en faire

Évidemment, cette évocation de ce qui a pu se dérouler pendant toute la période de la phase high n’est ni facile à dire, ni à entendre…

Elle nous explique être pleine de remords ! On l’entend… Cependant après une si grande période de mensonges, de manipulations diverses et variées, difficile aussi pour nous de tout accepter et de tout croire sur parole. D’ailleurs, on n’est vraiment pas certain qu’elle nous dise toujours la vérité sur certains détails. On essayera de vérifier au fil du temps.

Elle est consciente de son mal-être, mais l’est-elle du nôtre ? Pas certain. Pour elle, il semblerait qu’il suffise d’un coup d’éponge pour tout effacer et repartir comme si de rien ne s’était passé.

Comme la voiture « poubelle » était devant la maison, le samedi nous l’avons mise à contribution pour nous aider à la nettoyer. Quatre grands sacs-poubelles ont été sortis d’une Peugeot 107 !

Quand ma mère ressemble à ma grand-mère

Ma mère veut gentiment aider, mais elle est d’une lenteur déconcertante (déjà, naturellement, elle est lente, mais là, on bat des records…). En plus, elle le dit elle-même, elle n’a pas d’idée, pas d’initiative… On doit lui dire tout ce qu’il faut faire !

De même, elle n’arrête pas de nous dire que tout ce que nous lui préparons à manger est bon, excellent même (pourtant, on sait que certains trucs ne sont pas vraiment bons, on l’a même prévenue), que nous sommes très gentils, mais cela en devient obséquieux !

On fait le parallèle avec notre grand-mère de 88 ans, Mémé Moniq pour ceux qui connaissent, et qui commence à être atteinte de la maladie d’Alzheimer : manière de se déplacer, ne pas pouvoir rester assise deux minutes à une même place sauf si c’est la place qu’elle a décidé de s’attribuer, perte de la mémoire à court terme, etc. Cela rappelle d’ailleurs à mon père que lors d’une précédente période, notre mère s’était posé la question de savoir si elle ne faisait pas un Alzheimer précoce…

C’est éprouvant pour toutes ces retrouvailles. Depuis l’échange téléphonique et la prise de rendez-vous avec la psychiatre, autant notre mère que nous avons tous mal dormi. Samedi soir, suite aux révélations et pour l’encadrement fourni, je n’ai pas su travailler, j’avais l’esprit vide. De même, pour ma sœur et mon père. Le dimanche soir, tout le monde a été se coucher tôt !

Le dimanche matin, si j’avais mal à la tête dès le réveil, c’était également le cas de notre mère. Elle explique que le fait d’avoir parlé la veille (on signale juste qu’en fin de journée samedi, elle nous a demandé de changer de sujet à plusieurs occasions, la charge cumulée était trop grande pour elle). De même le dimanche, journée où cela fut un peu plus difficile d’évoquer des sujets à problèmes.

Des signes avant-coureurs du passage à la phase de dépression de la bipolaire

Nous avons également « réparé » son smartphone qui était en « panne » depuis la période de Noël. D’ailleurs, cela faisait partie des détails qui nous avaient mis la puce à l’oreille sur l’arrivée du passage à la phase de dépression. En effet, cette « panne » nous surprend, car son téléphone était simplement déchargé et elle possédait les câbles nécessaires pour le rendre de nouveau actif. Mais nous nous demandons si ce n’est pas un acte manqué, car en phase de dépression, elle ne souhaite plus parler à personne… Le téléphone qui ne fonctionne pas est une bonne solution.

Mais cela reste surprenant, car quand nous lui demandons la date de la bascule entre la phase high et la phase down, selon elle, c’était subitement, il y a 15 jours environ !

Le reste du dimanche, nous avons plutôt fait le point sur l’organisation que nous devions mettre en place pour rétablir certaines normalités dans l’organisation générale de la famille, entre notre domicile familial et la maison de campagne qu’elle avait décidé d’occuper ces derniers mois, et tout un tas de choses administratives.

Ma mère était encore plus endormie la journée de dimanche… Elle est restée peu de temps avec nous, passant la plupart de son temps alitée (comme lors des précédentes rentrées de l’hôpital psychiatrique en 2013 ou 2007).

De la problématique d’un retour à 100 % au domicile conjugal

Pour nous aussi ces journées sont éprouvantes, avec une obligation de rester constamment avec elle… On a envie de lui faire plaisir et de lui montrer que l’on s’occupe d’elle… De toute manière, dans ses phases émergées, elle cherche notre proximité, juste pour être avec nous. Comme le dit Yseult, ma sœur : « on ne veut pas que j’aie le rôle de mère dans la maison, mais c’est un enfant que nous devons encadrer tous les trois… »

Ah oui, nous avons évoqué avec elle une grosse problématique ! Comme son domicile principal redevient notre maison, elle dépendra à nouveau de docteur Compromis et des autres infirmiers et médecins avec qui nous sommes, c’est le moins que l’on puisse dire, en conflit ! Ceux qui soutiennent que l’on doit nous écarter, que la bipolaire n’est pas bipolaire, qu’elle n’a pas besoin de traitement…

Dans l’hôpital où elle séjourne actuellement, le psychiatre nous écoute nous aussi. Nos mots semblent peser davantage.

On fait comment maintenant pour que notre mère, et la femme de notre père, puisse revenir vivre chez nous tout en étant suivi cliniquement ?

On fait comment maintenant ?

Pour le début de l’histoire, rendez-vous sur Les z’ed.


Chronodrive, quand récession rime avec campagne de recrutement

Malgré la récession engendrée par la pandémie de Covid-19, certaines entreprises continuent d’embaucher. C’est le cas des drives marchands, comme celui d’Auchan : Chronodrive.

« Au contraire d’autres entreprises, on a connu une affluence énorme ces derniers mois : on peut se permettre d’embaucher. L’activité est plus dense, donc on a besoin de plus de personnes », reconnaît Ophélie De Geitere, responsable de magasin dans la livraison et l’accueil au Chronodrive de Wasquehal – La Pilaterie. Le ballet constant des voitures nous le confirme.

Sur une équipe de 25 personnes, O. De Geitere explique avoir embauché au bas mot une vingtaine de personnes l’an passé. « Chez nous, il y a beaucoup de turnover. Comme nous embauchons des étudiants, beaucoup de personnes partent, viennent, partent… »

Les annonces de recrutement sont postées sur une plateforme en ligne, pratique pour s’adapter en temps réel aux besoins du magasin. Les entretiens d’embauche se déroulent toujours en personne, malgré la pandémie. Pour autant, les règles du gouvernement sont appliquées à la lettre : fermeture du magasin à 18 h, port du masque, respect de la distanciation sociale, désinfection régulière…

À Chronodrive, les principaux postes à pourvoir sont en CDI, avec des contrats à temps partiel et à temps plein. Le profil type n’existe pas : certains collaborateurs avaient de l’expérience avant d’arriver sur le drive, d’autres non, certains parlent facilement, d’autres sont plus timides, plus réservés, d’autres encore ultra-énergiques… « La diversification de nos collaborations permet à nos équipes de très bien se porter », assure O. De Geitere.

Une situation économique défavorable ?

Pourtant, l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) a dévoilé que la France a connu la pire récession de son histoire en 2020, avec une chute de 8,3 % du PIB (produit intérieur brut).

Alexandre Delaigue, professeur d’économie à l’université de Lille, souligne que l’embauche en période de récession n’est pas exceptionnelle : « Dans une récession traditionnelle, on constate qu’en moyenne, 60 % des entreprises continuent d’embaucher comme si de rien n’était. » Pour lui, trois situations permettent d’expliquer ces créations d’emplois : embauches « normales », embauches liées aux circonstances (déplacement de l’activité et de la demande par exemple) et accélération des tendances.

Il ajoute que certains des emplois risquent de disparaître à la fin de la crise sanitaire : « Actuellement, de nombreuses créations nettes d’emplois sont temporaires, parce que tout le monde voit la situation comme temporaire. Mais on peut aussi imaginer une pérennisation de certains postes par la suite : les consommateurs auront subi une sorte d’électrochoc et continueront d’utiliser ces services. »

A. Delaigue objecte tout de même des recrutements bien moins nombreux que les pertes d’activités ces derniers temps. D’une manière globale, l’emploi diminue assez largement.


Bipolaire face au juge des tutelles

Cet article fait suite à celui du mois d’août 2020 : une année en enfer avec ma mère bipolaire. Comment la situation a évolué depuis août ? Ma mère est toujours bipolaire

Hospitalisation dans le Pas-de-Calais

Au mois de novembre, je reçois un coup de fil. « Oui, bonjour, c’est les urgences. On vous appelle concernant votre mère. Elle est venue pour une infection de la peau, mais il n’y a aucun problème à ce niveau-là. Par contre sur le plan psychiatrique… »

Oui, on s’en doute… Sans encadrement réel, sur le plan psychiatrique, elle ne doit pas être au top de sa forme… Les effets de la bipolarité ne se sont pas effacés, au contraire…

Je refuse de signer le document d’hospitalisation à la demande d’un tiers si elle est hospitalisée dans le même service qu’auparavant… Vous vous souvenez ? Ce service où le patient est roi… Hors de question que je cautionne son retour là-bas !

Quelques minutes plus tard, je reçois un nouveau coup de fil de l’urgentiste : « Est-ce que vous consentez à une hospitalisation dans le Pas-de-Calais ? » Oui, Madame vit dans sa maison de campagne (c’était sa maison avant de rencontrer mon père !) depuis plusieurs mois désormais…

Le Tour de France des hôpitaux psychiatriques se poursuit donc. L’établissement dans le Pas-de-Calais est moins ouvert que celui de Lille. Elle y reste hospitalisée plus d’un mois. Comme toujours, nous ne recevons pas beaucoup plus d’informations.

Nouvelle rencontre avec une psy

Le 22 décembre, la psychiatre du nouvel hôpital de ma mère nous convie, ma sœur et moi, à une réunion. Wow, depuis près d’un an je n’ai plus eu de rencontre avec un psychiatre… Et la dernière fois, nous nous étions faits jetés : le psychiatre nous avait annoncé ne plus nous communiquer aucune informations au sujet de Madame.

Mon père n’est donc pas de la partie… Dommage, surtout lorsque la psychiatre essaie d’établir les antécédents de bipolarité de ma mère : comment voulez-vous que je me souvienne de son état en 2007, alors que je n’avais que 7 ans ou même avant que je sois née ?

Oui, mais comprenez bien, c’est dans le droit de Madame. Madame n’a pas souhaité que son mari vienne, alors le mari n’est pas prié de venir…

La psychiatre a cependant convaincu notre mère de rouvrir le dialogue avec nous. Elle explique nous avoir fait venir pour rétablir le lien entre notre mère et nous. Tâche ardue s’il en est… De là à réussir, il y a un énorme fossé. Nous lui sommes néanmoins reconnaissantes d’essayer.

Nouvelle hospitalisation pour bipolarité

Après ce rendez-vous à l’hôpital, c’est le silence radio. Nous apprenons qu’elle passe quelques temps en hôpital de jour, sans savoir exactement à quoi cela correspond…

Le 30 décembre, mon téléphone sonne à nouveau. Je deviens le contact privilégié lorsqu’il s’agit d’approcher la famille de Madame ?

« Allô ! C’est l’hôpital du Pas-de-Calais. Madame, ça ne va vraiment pas : elle est désorganisée, très logorrhéique, pas vraiment habillée dans le service… On va très certainement la réhospitaliser. Si elle n’accepte pas l’hospitalisation, est-ce que vous pouvez signer la demande d’hospitalisation ? On vous rappelle si on a besoin de vous. »

Finalement, pas de nouvel appel. Elle a peut-être accepté l’hospitalisation pour passer le Nouvel An au chaud. Ou pour goûter au repas de Nouvel An de l’hôpital. Ou pour ne pas passer Nouvel An seule…

Bipolarité : des histoires d’argent

L’argent, l’argent… Les problèmes financiers entraînés par la bipolarité, je les ai déjà évoqués dans l’article précédent. Ma mère était jusqu’ici placée sous mandataire spécial. Faute d’explications, nous ne discernons pas exactement quel est son rôle. Et pourtant nous avons cherché… Mais lorsqu’on demande des explications, on nous prend rapidement de haut, on nous prend pour des moins-que-rien ou, plus vulgairement, pour des cons.

A priori ma mère dispose de 400 € par mois pour payer son alimentation et ses loisirs. Le mandataire se charge de payer le reste (eau ou électricité par exemple). Mais Madame, ça ne lui suffit pas. Elle a travaillé toute sa vie ! Alors elle négocie.

Les 100 € par semaine vont sûrement être rehaussés à 200 € par semaine, soit 800 € par mois pour une personne seule, uniquement pour son alimentation et ses loisirs. De notre côté, avec mon père et ma sœur, 100 € par semaine nous suffisent pour l’alimentation et les loisirs. La même somme, mais pour trois…

Devant le juge des tutelles

Dernier événement en date : ce matin. Nous sommes convoqués à une audience pour statuer sur notre « demande d’ouverture d’un régime de protection sans autre indication à l’égard de ma mère ». Nous avions été entendus au mois de juin, mais cette fois c’est l’audience définitive.

Entre temps, à la demande de ma mère, une contre-expertise médicale a été réalisée (le résultat similaire à celui de la première expertise). Le mandataire spécial, lui, a établi quelques rapports pour le juge (mais on ne sait pas lesquels).

Nous sommes convoqués à dix heures. Nous entrons dans le cabinet du juge, pas moins d’une heure et demie après. Madame est d’abord entendue seule, pendant une trentaine de minutes, accompagnée de son mandataire spécial. Tiens, à nouveau, Madame peut raconter ce qu’elle veut sur nous et ses dires ne sont pas confrontés à ceux des personnes concernées…

Par contre, lorsque vient notre tour d’être entendus, Madame reste dans le cabinet. C’est son droit. L’audience la concerne.

Le juge nous précise que nous avons eu raison d’effectuer notre demande. Il explique à ma mère : « Votre famille a fait la demande de protection juridique, mais une fois le dossier déposé, l’affaire lui échappe. La décision n’est en rien de leur ressort. On se base sur l’expertise médicale. Je me prononce donc pour une curatelle renforcée. »

Soulagement de notre côté… Enfin, elle est protégée !

Questions au juge

Le juge nous explique en quelques mots à quoi correspond la mesure qu’il vient d’annoncer. Je comprends que la protection juridique des majeurs protège le majeur concerné, par contre, à nouveau, la famille n’est pas prise en compte. Le juge nous demande si nous avons des questions.

À l’une de nos rares questions (à trois nous avons eu le droit à 5 questions), le juge indique que le curateur doit gérer les biens de notre mère en bon père de famille. Je demande si nous avons des droits et obligations en tant que proche d’une personne sous curatelle. Le juge me répond qu’il n’y a pas d’obligations. Les droits ? Il ne les évoque pas.

Mon père demande également ce dont il advient de la pauvre petite Clara. A-t-elle droit à un peu d’argent de la part de sa mère puisqu’elle est encore enfant à charge ? Le juge rétorque que nous avons deux options : soit trouver une solution à l’amiable, soit déposer une demande de pension alimentaire auprès du juge des affaires familiales.

Nous expliquons avoir voulu régler le problème à l’amiable au mois d’août. Nous en avions parlé au mandataire spécial qui, avant de nous donner une réponse, avait indiqué se renseigner auprès de ma mère. Par la suite, il nous a téléphoné pour annoncer que ma mère refusait de payer quoi que ce soit me concernant (je l’avais d’ailleurs écrit dans l’article précédent).

Avant même que nous ne terminions d’énoncer les faits, le mandataire (promu entre temps curateur) et ma mère montent sur leurs grands chevaux et rétorquent que si j’ai besoin d’argent, je n’ai qu’à demander…

À l’issue de l’audience (à peine dix minutes d’entretien de notre côté), je demande au nouveau curateur comment ça se passe pour avoir de l’argent. Ma mère répond : « On va organiser une réunion à trois, avec M. le Curateur. » D’accord… Et lui de répondre : « Et votre père peut aussi payer ! ».

Bref, on verra ce que l’avenir nous réserve… En tout cas, cette histoire est loin d’être terminée. À défaut d’autre bénéfice, cet article aura au moins défoulé mes phalanges…


En lituanien, on change les noms des pays

Deux jours, deux annonces de changement de nom… Changer le nom d’un pays, quelle drôle d’idée ! En Lituanie, pourtant, on compte modifier le nom de la Géorgie (le pays, pas l’état américain) et de la Biélorussie. Explications.

Changer le nom d’un pays, au premier abord, c’est assez surprenant. Mais l’idée est peut-être moins farfelue qu’elle en a l’air.… Je suis sûre que vous connaissez aussi certains pays sous plusieurs appellations : la Birmanie devenue Myanmar en 2010 ou la Tchéquie aussi dite République tchèque.

Drapeau de la Géorgie CC Unsplash Max Kukurudziak https://unsplash.com/photos/7IKGWMIv4wM
Drapeau de la Géorgie CC Unsplash Max Kukurudziak

La Géorgie devient Sakartvelas

Hier, LRT (la télévision-radio d’État lituanienne) publiait « La Lituanie adopte Sakartvelo comme nom officiel de la Géorgie » [en anglais]. Lubie lituanienne ? Non, il y a une raison derrière cette modification.

Auparavant, en lituanien, la Géorgie se nommait Gruzija (prononcer Grousia). Ce nom est très proche du russe Грузия (transcrit Grousia), peut-être trop proche du goût de certains. La Commission de la langue lituanienne (Valstybinė lietuvių kalbos komisija abrégé en VLKK), l’équivalent lituanien de l’Académie française, a donc décidé d’un changement.

À compter du 21 décembre 2020, Sakartvelas a remplacé Gruzija. Cette désignation est plus proche de l’appellation originelle du pays : Sakartvelo en géorgien. Au passage, si vous ne le saviez pas : bien que plutôt éloignées sur le plan géographique, Lituanie et Géorgie entretiennent d’excellentes relations diplomatiques 🙂

Drapeau adopté par l'opposition en Biélorussie CC Unsplash Dmitry Levkovets https://unsplash.com/photos/866iAkAR5Nc
Drapeau adopté par l’opposition en Biélorussie CC Unsplash Dmitry Levkovets

Biélorussie ou Bélarus ?

Autre article de LRT que je vois passer ce matin dans ma timeline : « Biélorussie ou Bélarus ? La Lituanie envisage de changer le nom de son voisin oriental » [en anglais].

Ils n’arrêtent pas ces Lituaniens ! Mais à vrai dire, cette interrogation m’a moins interpelée que la précédente. Biélorussie et Bélarus, la question se pose aussi parfois en français. Je me l’étais d’ailleurs posée en rédigeant « Laisvė de Ieva Narkutė : un hymne à la liberté pour les Biélorusses ».

Je ne suis pas la seule. En 2014, Regards sur l’Est (revue en ligne spécialisée sur l’espace post-communiste) écrivait déjà « Pourquoi parler de Bélarus ? Pourquoi ne pas parler de Biélorussie ? ».

Actuellement, l’équivalent lituanien de Biélorussie est Baltarusija. Il inclut le mot signifiant Russie : Rusija. Lundi, le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, a annoncé qu’un changement de nom au profit de Belarus serait étudié.

Derrière cette modification, les Lituaniens cherchent à réduire la confusion, et notamment à éviter toute assimilation de la Biélorussie à la Russie.

Qu’en pensez-vous ? D’après vous, certains pays mériterait-il un changement de nom en français ?

Image Pinterest - En lituanien, on change les noms des pays © Clara Delcroix
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Africa2020, quand l’Afrique s’invite en France

Peut-être avez-vous déjà entendu parlé de la saison Africa2020 et de ses nombreux événements à travers la France (métropole et Outre-mer). Mais en quoi consiste cette saison concrètement ?

Difficile de décrire la saison Africa2020 en quelques mots… C’est une série d’événements à travers la France (métropole et outre-mer) ayant pour dénominateur commun leur thématique : l’Afrique.

Le choix du chiffre 2020 ? C’était avant que la pandémie de coronavirus Covid-19 ne frappe. La vague d’événements culturels annulés a rapidement rimé avec saison reportée… Africa2020 a commencé au début du mois de décembre et prendra fin au mois de juillet 2021 !

Photo CC Iwaria dialloyaayaa https://iwaria.com/photo/MzYzMw==/
On pourra écouter des concerts dans le cadre d’Africa2020 !

Représenter l’Afrique, son unité et sa pluralité

Une saison dédiée à l’Afrique, c’est bien beau… mais de quelle Afrique parle-t-on ? Le terme « Afrique » est à la fois riche et réducteur.

Comme le rappelle N’Goné Fall, la Commissaire générale de la saison Africa2020, l’Afrique s’étend sur 30 millions de km2. Elle compte 200 millions d’habitants. L’Afrique est un continent aux multiples facettes. Il est impossible d’évoquer l’Afrique comme une entité unique (de par ses divers aspects), alors même qu’elle est unique (sur le plan de sa singularité).

Africa2020 est un projet panafricain : il représente l’Afrique dans son intégralité. Les populations africaines possèdent des dénominateurs communs, des défis auxquels elles sont toutes confrontées, et ce au-delà de l’image de la pauvreté, des migrants et des coups d’Etats…

Photo CC Iwaria AMISOM https://iwaria.com/photo/NzIwMA==/
Une Afrique jeune et innovante

Les organisateurs indiquent ne pas vouloir tomber dans les clichés et les pièges du nationalisme, des régionalismes ou dans la promotion de groupes linguistiques ou ethniques.

C’est donc une Afrique jeune, créative et innovante à laquelle nous confronte Africa2020. Cette saison présente des innovations centrées sur six catégories : les arts, la culture, les sciences, les technologies, l’entrepreneuriat et l’économie. Ces catégories permettent de couvrir un large spectre de thématiques, allant de la gastronomie aux sports urbains.

Quels sujets abordent Africa2020 ?

Les événements d’Africa2020 sont divisés en cinq thèmes : la moralité augmentée, l’économie et la fabulation, l’archivage d’histoires imaginaires, la fiction et les mouvements (non)autorisés et pour finir les systèmes de désobéissance.

Photo CC Iwaria Medsile https://iwaria.com/photo/MTE2NzM=/
Personnellement, j’ai hâte de découvrir les événements en lien avec la gastronomie africaine ! 😋

Les cinq grands thèmes

Petite explication de chaque thème, car les titres sont parfois peu évocateurs…

  • Moralité augmentée : la communication, des hiéroglyphes de l’Égypte antique et des récits des griots jusqu’à Twitter et les émojis (tiens, ça me fait penser aux émojis africains d’O’Plérou 😉 ), incluant donc la diffusion des savoirs, les réseaux sociaux et les innovations technologiques.
  • Économie et fabulation : des transferts d’argents d’expatriés africains vers leurs familles restées en Afrique, à l’émancipation économique, en passant par la redistribution des ressources et les flux financiers… on est effectivement dans l’économie ici 😊
  • Archivage d’histoires imaginaires : certaines histoires sont bien réelles, surtout lorsque l’on parle d’Histoire avec un grand h. Mais avant de passer à la postérité, un travail d’archive et de transmission de la mémoire est souvent nécessaire.
  • Fiction et mouvements (non)autorisés : de la circulation des personnes (les réfugiés mais aussi le passeport commun pour les membres de la CEDEAO par exemple), des biens et des idées aux limites des territoires (« découpés » lors de la conférence de Berlin de 1885).
  • Systèmes de désobéissance : une catégorie qui regroupe les mouvements citoyens avec la conscience et les mouvements politiques, il est ici question de manifestations, boycotts ou militantisme par exemple.

Deux volets complémentaires encadrent la saison : « focus femme » et « éducation ». Le premier met en valeur des projets qui donnent la parole à des femmes africaines ou de la diaspora africaine. Le second inclut des programmes pédagogiques comme des partenariats entre établissements français et étrangers.

Photo CC Iwaria AMISOM https://iwaria.com/photo/Nzk5MQ==/
Les sports urbains comprennent le football, le basketball, le skate, les rollers et… les jeux vidéos !

Où sont les événements près de chez moi ?

Comme expliqué précédemment, les événements se déroulent sur l’intégralité du territoire français, dans 81 communes de métropole et d’Outre-mer.

Quinze quartiers généraux (QG) sont répartis à travers le pays. Chacun d’entre eux est hébergé dans une institution culturelle en partenariat avec une équipe sur le continent africain. Si vous cherchez des informations sur les événements de votre région, les membres du QG pourront vous aider !

Les QG organisent aussi certains événements. Par exemple, le QG le plus proche de chez moi (à la Condition Publique de Roubaix) organise des concerts, des débats, des ateliers créatifs, des spectacles de danse, des projections de films, des expériences culinaires, une exposition d’art contemporain, etc.

Vous aviez déjà entendu parler d’Africa2020 ? À quels événements prévoyez-vous de vous rendre ?

Photo CC Iwaria Emmanuel https://iwaria.com/photo/NzcxMg==
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Les cours universitaires en ligne, sont-ils si terribles ?

Pourquoi les articles de presse dénigrent toujours les cours universitaires en ligne ? À les lire, on a l’impression que les cours à distance sont horribles et que tous les étudiants les détestent… Pourtant, les cours version confinement ont leurs bons côtés !

En début d’année j’écrivais sur la continuité pédagogique suite au premier confinement. Des cours un peu cahin-caha, mais j’appréciais les efforts de certains enseignants… Je ne peux pas le nier, les cours à distance ont certains points négatifs. Mais en réalité, ils possèdent aussi des aspects positifs. Or ces derniers ne sont jamais évoqués !

Dans la presse, les titres sont souvent similaires : « les étudiants ne sont pas contents d’avoir des cours à distance ». Est-ce réellement le cas ? La réponse me semble plus mitigée qu’un non clair et distinct. Avec ce titrage, j’ai presque le sentiment que les journalistes projettent leurs propres craintes dans leur manière de formuler l’article et de poser les questions aux étudiants.

Après l’expérience du premier confinement et deux nouvelles semaines de cours confinés derrière moi, voici un point d’étape sur les bons côtés des cours en ligne.

Changement de faculté, changement de continuité

L’an dernier, j’étais en L3 éco-gestion à la faculté de SES (sciences économiques et sociales). Cette année j’étudie en L3 anglais-russe à la faculté de LEA (langues étrangères appliquées aux affaires).

Le changement de composante joue dans l’expérience des cours à distance : les enseignements ne requièrent pas les mêmes outils. Un exemple tout simple : en éco-gestion, il est très courant d’avoir des graphiques et des schémas. Dans un cours d’anglais ou de russe, on se contente souvent d’un texte et parfois d’images / vidéos.

Pour cette seconde vague de cours à distance, l’expérience accumulée joue aussi. Certains automatismes mis en place lors de la première vague sont vite revenus (sur l’organisation ou le suivi des cours par exemple).

Pour rappel, pendant le premier confinement, la plupart de mes enseignants nous avaient envoyé leurs notes de cours (un pdf). Pour ce second confinement, la majorité de mes cours se poursuit au moyen de vidéoconférences sur Zoom. Mais je pense que la bonne solution… ce n’est ni l’un, ni l’autre ! J’y reviendrai par la suite !

Un cadre est nécessaire

Les articles de presse évoquent souvent un « cadre » que l’université mettrait en place avec les cours en présentiel. On ne sait trop comment, ce cadre s’évaporerait avec les cours en ligne…

Mais pourtant l’ensemble des cours est maintenu. Au lieu de nous retrouver dans la salle physique de l’université, nous nous regroupons dans la salle virtuelle de Zoom. Si on arrive à la fin du cours, il n’y a plus de cours… Et si on arrive avant le cours, le cours n’a pas commencé.

Le travail en dehors de ces horaires de vidéoconférence ? Il correspond aux devoirs que nous avons en temps normal. Je ne comprends pas bien où le cadre disparaît. On nous donne des deadlines et des horaires de réunions (qui sont calquées sur notre emploi du temps normal). Quelqu’un m’explique ?

Cours en visioconférence

Devant un écran, les élèves seraient distraits plus facilement. Les enseignants, eux, sont imperturbables. Enfin, c’est ce qu’on nous laisse entendre…

En réalité, je pense qu’une heure de cours devant un écran, imaginée comme un cours en présence, est aussi fatigante pour l’enseignant que pour les étudiants.

Les étudiants sont moins attentifs, et les pauvres enseignants (ce n’est pas ironique) parlent à un écran noir… puisque nombreux sont ceux qui n’activent pas leurs caméras. Les enseignants doivent apprendre à imposer aux étudiants l’activation de leurs caméras.

Le problème est qu’un cours en ligne ne doit pas être pensé de la même manière qu’un cours en présence. Il faut le refondre totalement, revoir les durées d’enseignement (modules plus fréquents mais plus courts), le travail réalisé en autonomie…

Moins d’attention, plus de distractions ?

Chez soi, un étudiant a la tentation de vaquer à mille et une occupations. C’est (parfois) vrai. Mais est-ce un réel changement par rapport aux périodes non-confinées ?

Pendant un cours en visioconférence, on peut rapidement tomber dans le multitasking : on devient multitâche, on s’occupe de plusieurs choses en même temps, sûrement au détriment du cours…

Moi-même, pendant certains cours à distance, je fais du repassage… tout en écoutant attentivement et en jetant un œil au diaporama de temps en temps.

Mais ne le faisait-on pas déjà en présentiel ? Si, mais sous d’autres formes. Je me souviens d’étudiants en train de regarder Netflix en amphi ou traînant sur Facebook en plein cours.

Pour les devoirs, on les faisait déjà chez soi, en autonomie… J’entends que certains ont plus de facilités à travailler à l’université, à la bibliothèque par exemple, et sont donc « perturbés » sur ce point.

Mais d’un autre côté, les cours en ligne amènent une plus grande flexibilité : on s’organise comme on le souhaite, en respectant les consignes données. Ça demande peut-être un peu plus d’autonomie… Avantage ou inconvénient ? Je vous laisse décider.

Sur les distractions, je suis consciente d’avoir la chance d’être confinée chez mes parents : j’ai de l’espace et peux facilement m’installer dans un endroit calme. Tous n’ont pas ce confort.

Gain de temps

Aussi surprenant que cela puisse paraître avec les cours en ligne, je gagne du temps. Plus besoin de me rendre à l’université. Ça me permet d’économiser 1 h 30 à 2 h par jour. Pour certains ce sera plus, pour d’autres moins. Ce gain de temps, je peux l’utiliser pour approfondir certains cours ou effectuer d’autres activités (professionnelles ou de loisirs).

Quand je suis mes cours, je peux aussi m’installer plus confortablement, avec une tasse de thé à mes côtés par exemple. Et puis tout le matériel dont je pourrai avoir besoin est à proximité : plus d’oublis ! Pour une tête en l’air comme moi, c’est un gros soulagement.

Des enseignants plus accessibles ?

C’est peut-être bête, mais en présentiel, on a parfois tendance à ne pas oser approcher l’enseignant ou lui poser des questions. On trouve notre question stupide et on ne veut pas la poser devant tout le monde.

À distance, envoyer un mail à son enseignant devient chose courante. Je n’hésite pas à les contacter si j’ai une question, une remarque, une chose que je n’ai pas comprise…

J’émets une réserve sur deux points. D’abord, les enseignants doivent consulter leurs boîtes mails (oui, parfois -bien que rarement- on reste sans réponse). Ensuite, des étudiants étrangers ou dyslexiques peuvent se sentir gênés d’écrire avec des fautes alors qu’à l’oral, ça passe.

Cours en ligne = nouvelles possibilités

Les cours en ligne permettent également des choses impossibles dans une salle de classe traditionnelle. Prenons l’exemple des TD (travaux dirigés) où les 40 élèves sont divisés en groupes de 5.

Huit groupes de 5 dans une salle de classe pas si grande, ça fait beaucoup de bruit. Ça devient rapidement la cohue, on ne s’entend plus parler et il est difficile de travailler correctement dans un tel environnement.

En ligne, les enseignants nous dispatchent dans des breakout rooms (des petites salles virtuelles où seuls quelques participants se retrouvent). Dans ces salles virtuelles, plus de brouhaha ambiant ! Il est donc beaucoup plus facile de travailler en groupe.

Et je suis sûre que ce n’est pas le seul exemple ! On pourrait en trouver d’autres. N’hésitez pas m’indiquer si vous avez des idées d’ailleurs !

Cours en ligne : des pistes d’amélioration

Comme je l’écrivais en avril, je ne pense pas que les problèmes rencontrés viennent de la distance. Ils sont la conséquence d’un manque de formation ou d’un manque de moyens techniques, et ce du côté enseignants comme de celui des étudiants.

Équiper le corps enseignant en micros de bonne qualité – à défaut d’équiper aussi l’ensemble des étudiants – permettrait d’éviter que ça ne crachote et cela permettrait aussi de suivre le cours plus facilement.

Quand des enseignants nous annoncent « je ne suis pas très habitué à utiliser tel outil (Zoom par exemple) », j’ai du mal à comprendre pourquoi ils n’ont pas été formés. On s’attendait un chouïa à ce que les cours passent à distance, non ?

De plus, Internet regorge d’une mine d’outils pour rendre un cours en ligne interactif. Mais à l’exception de Zoom, les enseignants ne les utilisent pas. C’est dommage !

Ensuite, on se confond en excuses, on dit qu’il est difficile de rester attentif avec des cours en ligne… mais non ! Il faudrait repenser le cours pour l’adapter au format distanciel, comme je l’ai déjà écrit.

À nouveau, manque de connaissances des outils, manque de formation… peut-être même manque d’équipement.

Former les étudiants aux cours en ligne ?

Quant aux étudiants affirmant qu’ils ne savent pas travailler chez eux, pourquoi ne pas les former aussi ? On pourrait proposer des séances de travail ou de réflexion sur un panel de thématiques :

  • établir un environnement propice au travail
  • s’organiser pour suivre les cours à distance
  • les outils en ligne pour collaborer / prendre des notes / faire des schémas / etc.
  • comment utiliser Zoom / Google Docs / Evernote / etc.

Des sortes de modules dans lesquels chacun pourrait piocher selon ses besoins !

Et vous, qu’en pensez-vous ? Quels sont les bons côtés que vous trouvez aux cours à distance ? Ou, au contraire, quels en sont les mauvais côtés ?

Cour en ligne à l'université, image pour Pinterest - photo : CC Unsplash Maya Maceka https://unsplash.com/photos/yW-Qgw_IJXg
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Pourquoi ne parle-t-on plus de la génération Z ?

Une recherche sur Google suffit pour le constater : les derniers articles publiés sur la génération Z sont un peu datés… Pourtant les Z n’ont pas disparu du jour au lendemain…

Pour rappel, la génération Z, ce sont les jeunes nés entre 1995 et 2010. Les plus âgés ont désormais 25 ans et sont entrés sur le marché du travail. Les plus jeunes vont ou ont commencé le collège.

En recherchant des articles sur la génération Z, on trouve davantage de publications datées de 2019 voire 2018. 2020 ne semble pas connaître la gen Z. Serait-ce un effet secondaire de la pandémie de coronavirus Covid-19 ?

Bien sûr, on trouve quelques articles de 2020. Le Pew Research Center (centre de recherche américain sur la démographie, l’opinion publique et les problématiques sociales) continue à évoquer la thématique. Parfois repris par des médias francophones, comme Méta-Media dans cet article du mois d’août : « Au seuil de l’âge adulte : zoom sur la génération Z ». Mais on ne trouve pas ces articles à foison, loin de là…

Sur Google Trends, pour la recherche « generation Z », la courbe s’effondre à partir de novembre 2019.

Gen Z, disparue ou bien présente ?

Dans un article du New York Times, on peut lire que de nombreux participants aux manifestations Black Lives Matter ont moins de 35 ans. Dans l’ensemble, ils appartiendraient même à la tranche des 18-34 ans d’après une étude Cision. Ce qui correspond à un mélange de gen Y et Z.

Rappelez-vous des marches pour le climat, Fridays for Future, de l’an passé. À nouveau, ce sont les « jeunes ». Et ces écoliers et étudiants appartiennent, je vous le donne dans le mile, à la génération Z.

Ces deux manifestations ne sont que des exemples. On pourrait en trouver d’autres à l’échelle de chaque pays, de chaque région.

La génération Z n’est pas nommée, mais elle est bien présente. Et il est intéressant d’observer ces mouvements à la lumière d’explications sur le comportement de la génération Z.

Les millenials, qui sont-ils ?

Dans le même temps, en recherche associée à « generation Z », on trouve « millenials ».

Pour le Pew Research Center, déjà évoqué précédemment, les individus nés entre 1981 et 1996 appartiennent aux millenials (milléniaux si on francise). Les individus nés à partir de 1997 intègrent la gen Z.

Millenials serait donc égal à gen Y ? Serait-ce un moyen de recycler les marronniers sur la génération Y ? Oui et non. Ou plus précisément : parfois oui, parfois non.

La définition du Pew Research Center n’en est qu’une parmi d’autres… Et c’est tout le problème. Millenials correspond aux individus nés aux alentours du changement de millénaire, donc de l’an 2000. La définition est floue, le terme un peu fourre-tout : on l’utilise à tout-va, même lorsqu’il ne correspond pas vraiment… mais surtout lorsqu’il « arrange » !

Pourquoi ne parle-t-on plus de la génération Z ?

Les Z existent toujours, réalisent toujours de nouveaux projets, s’engagent, certains maintenant travaillent… Mais dans le même temps, ils sont totalement invisibles. Ou du moins, ne sont pas nommés comme de la gen Z. Paradoxal…

Sont-ils trop âgés pour que l’on mérite de les évoquer ? Pourtant, des articles paraissent sur les Y. Aurait-on déjà tout dit à leur sujet ? Ça m’étonnerai. Serait-ce plutôt un ras-le-bol général de cette classification en générations ? C’est pourtant un concept important des sciences sociales, utilisé de la campagne marketing à l’étude démographique.

L’origine serait-elle une incompréhension, voire une peur de la gen Z ? Parfois j’ai l’impression que l’on se voile la face, on refuse d’admettre cette réalité : la génération Z existe, même si visiblement, on ne veut pas en parler…

D’où vient donc cette apparente invisibilité de la génération Z ? N’hésitez pas à partager vos idées et vos réflexions en commentaire.

Photo CC Unsplash Tachina Lee https://unsplash.com/photos/-wjk_SSqCE4
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Laisvė de Ieva Narkutė : un hymne à la liberté pour les Biélorusses

Ieva Narkutė est une auteur-compositrice-interprète lituanienne. Le 24 août 2020, elle partage sa chanson Laisvė (Liberté) en soutien au peuple biélorusse, devenue l’hymne de la Voie de la Liberté. Origines d’une chanson réalisée en un temps record.

Ieva Narkutė (Ève « Narkouté » en français) naît à Kaunas, la deuxième ville de Lituanie, mais grandit à Šiauliai, dans le nord du pays. Elle est issue d’une famille de musiciens et écrit ses premières chansons vers 15 ans sous le pseudo Jieva.

Elle part à Vilnius suivre des études de psychologie. « Je n’ai jamais pensé que je vivrais en ne faisant que de la musique comme je le fais maintenant depuis 10 ans.

J’ai étudié la psychologie avec tant de sérieux… J’étais vraiment douée pour cela ! J’ai obtenu un master en psychologie clinique. J’aurais dû travailler dans un hôpital psychiatrique. J’ai toujours cru que la musique serait quelque chose de secondaire, comme un passe-temps. »

Ieva Narkutė se présente en lituanien

De la poésie chantée à la « pop de qualité »

Elle commence à faire de la musique professionnellement alors qu’elle étudie encore en master. Elle débute dans de petits festivals de poésie chantée, un genre musical lituanien où des poèmes sont chantés, accompagnés en général d’une mélodie au piano ou à la guitare. Désormais sa musique a évolué.

« Ce n’est pas totalement de la musique pop, mais ce n’est pas totalement cette poésie chantée que nous avons en Lituanie. Aujourd’hui, je suis quelque part entre les deux. Certaines personnes disent que la musique que j’écris est une sorte de « pop de qualité » parce qu’il faut écouter les paroles… J’y prête toujours une grande attention. »

En Lituanie, son nom est connu, tout comme ses chansons «… chaque fois que je dois dire mon nom, on me regarde par deux fois : ‘Ah, c’est vous !’ Ça arrive souvent.»

Des chansons engagées ?

Ieva Narkutė est connue pour ses chansons d’amour, mais possède aussi une image d’auteur-compositrice-interprète patriotique, notamment en raison du célèbre Raudoni Vakarai (Soirées rouges). « Je n’ai pas peur de m’exprimer et de faire savoir aux gens ce qui s’est passé.

Ici, en Lituanie, lorsque je m’exprime à haute voix sur un sujet, on y prête attention. Je ne le fais pas souvent, je choisis vraiment ce dont je veux parler. Vous ne me verrez pas parler tous les jours de toutes les questions ou de toutes les affaires politiques qui se sont produites ici et là.

Mais quand j’écris une chanson sur un tel sujet, cela signifie que je ressens vraiment quelque chose de fort à propos de ce qui se passe. C’est la seule chose que je puisse faire. Je ne ferai pas de politique, je n’irai pas débattre avec qui que ce soit. Je vais juste écrire une chanson qui va susciter de l’émotion dans le public. Et j’espère que, grâce à cette émotion, le public comprendra mieux la situation dans son ensemble. »

Raudoni Vakarai, la résistance lituanienne en chanson

Ieva Narkutė écrit Raudoni Vakarai pendant sa dernière année au lycée, à l’âge de 19 ans, dans le cadre d’un concours organisé par le Centre lituanien de recherche sur le génocide et la résistance. Des lycéens devaient au choix écrire une chanson, peindre un tableau ou faire un court métrage à propos de la période de résistance qui a suivi l’annexion de la Lituanie par l’Union soviétique, des années 1940 à 1990.

Elle n’est pas compétitrice dans l’âme. « C’est probablement la seule fois où j’ai décidé de participer à quelque chose de similaire. Mais ça s’est plutôt bien passé : j’ai gagné le concours avec Raudoni Vakarai. »

Raudoni Vakarai (Soirées rouges) de Ieva Narkutė

L’histoire familiale de Ieva Narkutė comme source d’inspiration

Elle s’est inspiré de sa propre histoire familiale pour écrire cette chanson. « L’un de mes grands-pères avait et a toujours quatre sœurs. Quand les Soviétiques sont arrivés, son père (donc mon arrière-grand-père) est parti aux États-Unis. Il prévoyait d’y faire venir toute sa famille (sa femme et ses enfants).

Mais les Soviétiques sont arrivés. Il ne pouvait plus revenir en Lituanie et ses proches ne pouvaient pas le rejoindre. Les Soviétiques ont déporté mon arrière-grand-mère et les sœurs de mon grand-père en Sibérie.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, mon grand-père a rejoint l’Armée rouge. Il voulait d’abord rejoindre la résistance, car toute sa famille avait été détruite en une seule nuit, mais son oncle l’en a dissuadé à cause des risques encourus. Au final, ce choix lui a permis de ramener sa mère et ses sœurs de Sibérie en Lituanie.

C’est grâce à lui que ses sœurs vivent encore aujourd’hui. Et lui aussi est toujours en vie. Il aura 92 ans en octobre. »

Tout le monde souffre de cette situation

« Pour ma chanson Raudoni Vakarai, j’ai essayé d’imaginer comment je réagirais si mon père était aux États-Unis et ma mère et mes sœurs déportées quelque part dans la toundra sibérienne…

Quel est ce sentiment ? Encore aujourd’hui je ne suis pas sûre de comprendre… Je pense que nous ne comprendrons jamais parce que c’est inimaginable. Mais on peut essayer de s’en approcher. L’écriture de chansons est une façon de le faire.

En écrivant Raudoni Vakarai, je pensais à ces personnes parties dans la forêt [ndlr : les partisans lituaniens contre l’occupation soviétique se réfugiaient dans les forêts]. Elles étaient toutes très jeunes. Elles avaient 20 ans, même moins.

Pour un résistant, toute la vie est devant : l’amour, les enfants, la famille… Elle prend la décision de tout quitter et d’aller dans la forêt au risque de sa propre vie et de sa santé. Tout est remis en question.

Le maquisard laisse parfois sa bien-aimée, sa famille derrière lui. Il part, rejoint les résistants, et les autres restent dans l’expectative…

C’est cette attente qui m’intéressait le plus parce que tout le monde souffre de cette situation : celui qui meurt, celui qui se bat, celui qui revient après des années de combat, celui qui est déporté dans le camp en Sibérie… Tout le monde souffre.

Celui qui reste chez lui, à attendre, souffre également : il ne sait pas si celui parti reviendra mort ou vivant, et s’il est mort, s’il sera possible d’enterrer son corps d’une manière décente et appropriée. »

Laisvė, hymne à la liberté en soutien aux protestataires biélorusses

En août 2020, presque 15 ans après Raudoni Vakarai, Ieva Narkutė écrit une nouvelle chanson engagée afin de porter son soutien au peuple biélorusse : Laisvė (Liberté, les paroles en français sont ici).

« J’ai écrit Laisvė à la fin de la première semaine qui suivait les élections du 9 août en Biélorussie. C’était évident que les protestations s’amplifieraient. Elles n’allaient pas disparaître… Des choses vraiment horribles commençaient à se produire.

J’étais profondément touchée et émue par ça, car Minsk est si près d’où je viens [ndlr : Minsk est la capitale la plus proche de Vilnius, à 170 km], nous sommes de si proches voisins… Mais aussi le fait d’être si éloignés : à cause du régime, à cause des visas, à cause de toutes les règles et d’autres choses de ce genre… En quelque sorte, nous sommes à la fois proches et éloignés. »

L’Histoire de la Lituanie résonne

« Il y a plus de 30 ans, nous [les Lituaniens] nous réveillions en tant que nation face à ce régime soviétique [ndlr : la Voie balte en 1989 et la proclamation d’indépendance en 1990]. Il est évident que nous avons beaucoup d’empathie pour ce qui se passe en Biélorussie, parce qu’il y a les militaires, les policiers, il y a ce Loukachenko…

Des millions de personnes veulent juste vivre librement, elles veulent juste profiter de la démocratie, faire leurs propres choix et je pense que nous le comprenons très bien. En tant que nation, nous comprenons parfaitement ce qu’ils vivent en ce moment.

Je pense que ce n’est pas une coïncidence si la Voie de la Liberté [une chaîne humaine organisée en Lituanie le 23 août 2020 en solidarité aux protestataires biélorusses] s’est produite en Lituanie. Ce n’est pas possible dans un autre pays. Nous nous sentons proches de nos voisins biélorusses, car nous avons aussi retrouvé notre liberté en tant que nation grâce à des manifestations non-violentes, à des chansons et en nous donnant la main. »

S’est-elle déjà rendu en Biélorussie ? « Non, je n’y suis jamais allée. Et à cause de cette chanson, Laisvė, soit on m’attendrait « à bras ouverts », soit on m’interdirait d’entrer dans le pays pendant 50 ans ou, je ne sais pas, tant que ce salaud de Lukachenko vivra… »

Une chanson réalisée en un temps record

D’habitude, pour Ieva Narkutė, des mois passent entre l’écriture d’une chanson et sa diffusion pour le grand public. Le processus a été considérablement réduit pour Laisvė.

« C’est arrivé si vite parce que c’était si intense, si urgent. Je l’ai écrite le vendredi 14 août. Le lundi, j’étais dans le studio d’enregistrement, j’ai fait l’arrangement. Et le mercredi, la chanson était terminée et remise aux organisateurs de la Voie de la Liberté pour qu’ils puissent l’utiliser pour des vidéos et de la publicité.

Après le concert au château de Medinikai [concert organisé le 23 août, dans un château marquant la frontière avec la Biélorussie, l’une des extrémités de la Voie de la Liberté], nous avons directement pris les images de la télévision pour réaliser le clip pendant la nuit. La vidéo était prête le lundi suivant. Il s’est écoulé 10 jours entre l’écriture de la chanson et la vidéo sur YouTube. »

Ieva Narkutė s’arrête un instant sur cette vidéo réalisée pour accompagner la chanson. « Elle est vraiment puissante car nous avons mélangé ces images de la Voie balte et de la Voie de la Liberté. Je pense que cela a suscité beaucoup d’attention. La plupart des réactions sont vraiment positives. Certains ont dit que, tant d’années après Raudoni Vakarai, voilà enfin une nouvelle chanson sur la liberté et la lutte. »

Laisvé (Liberté) de Ieva Narkutė

Laisvė devient le symbole de la Voie de la Liberté

Ce dimanche 23 août 2020, 50 000 Lituaniens se réunissaient pour former une chaîne humaine de 30 km, de Vilnius à la frontière biélorusse. L’événement se nomme Laisvės kelias, la Voie de la Liberté. Sa chanson Laisvė en devient rapidement l’hymne.

La date n’a pas été choisie au hasard : il y a 31 ans, le 23 août 1989, la Voie balte reliait les capitales des États baltes (Tallinn, Riga et Vilnius). Cette chaîne humaine avait rassemblé 2 millions de personnes sur 687 km, une manifestation pacifique organisée pour demander l’indépendance des pays baltes vis-à-vis de l’URSS.

Intriguée par ces chaînes humaines, je demande à Ieva Narkutė s’il y a d’autres exemples de chaîne humaine dans l’histoire lituanienne. « Eh bien, elles viennent tous les 30 ans ! [Rire] On se dit : « Oh faisons une chaîne humaine ! Ça fait longtemps qu’on n’en a pas eu ! » Non, je ne sais pas… Je ne vis que depuis 33 ans et j’ai déjà connu 2 chaînes. »

Chaîne humaine sous le signe du Covid-19

« Pendant la période de confinement, il n’y avait pas d’événement culturel…  Ça nous a manqué à tous. Je pense que cela a aussi joué en faveur du succès de l’événement, la Voie de la Liberté. Comme on disait : du pain et des jeux ! Nous avons eu du pain pendant quelques mois et maintenant nous voyons que les jeux sont aussi nécessaires pour que l’âme humaine puisse vivre.

Réussir à organiser un tel événement, même en période de pandémie, montre la quantité d’empathie que nous avons en tant que nation.

Mais le fait même que cela se soit produit face à un tel danger, le coronavirus Covid-19, je pense que nous avons fait un excellent travail. Les gens ont vraiment pris au sérieux les instructions concernant la situation sanitaire même s’il n’y avait pas de contrôle. Vous n’allez pas contrôler si toutes les mains portent un gant sur les 30 kilomètres d’une chaîne humaine, main dans la main… »

Concert au château de Medininkai

« Malheureusement, je n’ai pas pu être un maillon de cette chaîne humaine… Je faisais la balance des sons dans le château de Medininkai où je devais chanter le soir même. Mais même si je n’étais pas physiquement dans la chaîne, l’atmosphère de ce jour-là avait quelque chose que je n’avais jamais vécu auparavant. 

Ma plus grande préoccupation était de ne pas me mettre à pleurer en chantant Laisvė sur scène alors que je sais que je suis filmée et que tout le pays regarde. Je ne devais pas devenir trop émotive pour pouvoir interpréter la chanson aussi bien que possible. » Ce soir-là, au château de Medininkai, Laisvė est chanté pour la première fois lors d’un concert retransmis en direct à la télévision.

« C’était vraiment très émouvant. On se sentait en quelque sorte connecté. »

Pour ce concert, Ieva Narkutė  porte une tenue blanche en signe de respect et de solidarité au peuple biélorusse. Le blanc est la couleur des manifestations et de la Biélorussie. Le blanc et le rouge sont les couleurs du drapeau historique biélorusse, changé lorsque Loukachenko est entré en fonction pour gouverner le pays.

Mais Ieva Narkutė conçoit Laisvė comme une chanson universelle. « Je ne vais pas la jouer seulement une fois par an, le 23 août. [Rire] Je n’ai pas mentionné de pays ou de nation dans la chanson et je n’ai pas mis de détails volontairement.

Même si j’ai écrit Laisvė en réponse aux événements de Biélorussie, je voulais l’écrire comme une chanson sur LES libertés pour lesquelles nous nous battons, pour qu’elle puisse être comprise partout dans le monde, dans mon pays, dans ma ville et dans tous les combats que nous avons, même les combats quotidiens. »

Ieva Narkutė et les albums photo « à l’ancienne »

Ieva Narkutė se souvient des albums photo « à l’ancienne » qu’elle avait chez elle enfant. L’un d’eux montre la jeunesse de son père, photographié sur scène, chantant avec des filles, faisant la fête… Un autre regroupe les photos de mariage de ses parents.

Et puis cet album où son père collait au fur et mesure les prospectus, les invitations aux élections, les bulletins de vote, les référendums de l’époque de Sąjūdis (Mouvement réformateur de Lituanie, à la tête de la lutte pour l’indépendance du pays à la fin des années 80) et du réveil en tant que nation, de la Voie Balte.

« Et moi, lorsque j’étais enfant, je feuilletais cet album avec tous ces petits documents, et je me disais : « Oh cool, c’est drôle, c’est le drapeau lituanien… Oh, encore le drapeau lituanien ! Tiens, un nouveau ! » 

Mais en grandissant, j’ai découvert que peu de mes amis avaient de telles archives. Alors que je pensais qu’elles étaient monnaie courante.

Je pense que c’était une normalité dans ma famille et dans mon éducation. Nous avions de l’espace et de la place, même une place physique, pour la liberté, la démocratie et les combats. Je pense qu’à certains égards cela relie tous les points de qui je suis aujourd’hui et ce sur quoi j’écris mes chansons. »

Sur la photo de couverture, Ieva Narkutė chante au festival Untold City, à Vilnius, le 19 août 2020 © Martynas Vitėnas

Photo de Gabrielius Jauniškis
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Traduction de Laisvė de Ieva Narkutė

Laisvė (Liberté) est une chanson écrite par la chanteuse lituanienne Ieva Narkutė en soutien au peuple biélorusse, un hymne à la liberté et à la démocratie.

Merci à Sabina Žukovskaja pour son aide à la traduction des paroles 🙂

Paroles de Laisvė (Liberté) en français

Quand le mal arrive
Opte pour l’affront
Chemin à travers les ténèbres
Chemin à travers les ténèbres
Traverse les murs
Tes ancêtres sauront
Où courir et où prier
Prier

Un coup après l’autre
Est-ce le cœur ou les armes
Qui empêchent de dormir
C’est ainsi depuis trop de temps
À défaut d’autre option
Nous accepterons aussi
La liberté assassinée

Ils nous ont dit
Vous ne pouvez pas être forts
Ne savez pas être libres
Mais nous le savons mieux
Car il s’agit de nous
De tout ce en quoi nous croyons
Du feu et du sang
De nos enfants

Oh oh oh liberté dans nos jardins
Oh oh oh liberté, tant attendue
Oh oh oh frère, sœur, allons, allons
Retrouvons-la
(× 2)

Ayant commencé à parler 
Nous n’arrêtons plus
La vérité purifie
Redonne de l’espoir
Les mains et les cœurs
Tournés vers le ciel
Ainsi brûle le sang

Ils nous ont dit
Vous ne pouvez pas être forts
Nul besoin d’être libres
Mais nous savons mieux qu’eux
Maintenant il s’agit de nous
De tout ce en quoi nous croyons
Du feu et du sang
De nos enfants

Oh oh oh liberté dans nos jardins
Oh oh oh liberté, tant attendue
Oh oh oh frère, sœur, allons, allons
Retrouvons-la
(× 2)

Liberté dans nos jardins
Retrouvons-nous

Paroles en lituanien comme chantées par Ieva Narkutė

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Kelią per tamsą 
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Šūvis po šūvio
Širdis tai ar ginklai
Užmigti neleidžia 
Per ilgai jau taip
Jei nėr kito būdo
Mums tinka ir šitaip 
Sušaudyta laisvė

Jie sakė mums
Jūs negalit būt stiprūs 
Nemokat laisvi būt
Bet mes žinom geriau
Nes tai apie mus
Apie viską kuo tikim
Apie ugnį ir kraują 
Apie mūsų vaikus

O o o laisvė mūsų kieme
O o o laisvė, šitaip laukta
O o o broli, sese, eime eime
Pasitikim ją
(× 2)

Kartą prabilę
Mes nebenutilsim
Tiesa nuplauna
Grąžina viltį
Rankos ir širdys
Į dangų pakilę
Taip dega kraujas

Jie sakė mums
Jūs negalit būt stiprūs
Nemokat laisvi būt
Bet mes žinom geriau
Dabar apie mus
Apie viską kuo tikim
Apie ugnį ir kraują
Apie mūsų vaikus

O o o laisvė mūsų kieme
O o o laisvė, šitaip laukta
O o o broli, sese, eime eime
Pasitikim ją
(× 2)

Laisvė mūsų kieme
Pasitikim ją