Clara Delcroix

Trouver un logement pour un Erasmus à Vilnius

Cet article est une partie de mon rapport de fin de séjour Erasmus en Lituanie à Vilnius. Vous y trouverez les réponses à des questions pratiques afin de préparer son Erasmus en Lituanie ou ailleurs et apprendrez à connaître un peu mieux ce pays balte.

La première partie du rapport s’intitule Erasmus à Vilnius (Lituanie) : infos pratiques.

Sans parler lituanien, trouver un logement pour son Erasmus à Vilnius peut être compliqué.

L’option la plus simple et la moins chère : la résidence étudiante (dormitories, ou dorms). Le bémol : aucune chambre individuelle n’est proposée à l’université de Vilnius. Par mois, une place en chambre double coûte 86,89 € et en chambre triple 57,92 €. Les résidences sont réparties dans trois endroits de la ville : l’avenue Saulėtekis, la rue Olandu et la rue Didlaukio. Attention donc à la résidence où vous êtes affectés, car elle peut être éloignée de votre campus (a priori, ça peut s’arranger en demandant à changer de résidence).

À l’époque, le fait de devoir partager ma chambre avec une ou deux personne m’avait refroidi assez rapidement. J’avais donc cherché en anglais sur Google « flat vilnius ». Je suis arrivée sur le site de 1Home. Même si les prix semblent intéressants, car nettement inférieur aux prix français, je me suis vite rendue compte que mon loyer était élevé pour un loyer lituanien.

Mais plusieurs avantages persistaient : notamment des charges fixes (les factures en chauffage peuvent grimper très très vite en hiver), l’assurance d’avoir un interlocuteur anglophone (bien pratique dès qu’un problème survient – que ce soit qu’il n’y ait plus d’eau chaude, une panne d’électricité, ou une ampoule en panne…) et un internet haut débit garanti.

De l'extérieur, ça ne paye pas de mine, mais à l'intérieur il y a tout le confort moderne ! © Clara Delcroix
De l’extérieur, ça ne paye pas de mine, mais à l’intérieur il y a tout le confort moderne ! © Clara Delcroix

Chercher son logement sur des sites lituaniens

Toutefois, plusieurs autres sites permettent de chercher des appartements :

Le gros hic : je ne suis pas sûre que tout le monde ait la motivation de chercher son appartement sur un site en lituanien! Certes, l’option traduction de pages web de Google Traduction existe, mais elle est parfois un peu fantaisiste avec cette langue… De même, vous n’êtes pas sûrs que votre interlocuteur soit anglophone.

Enfin, option apprise sur place (ou comment les étudiants lituaniens trouvent leur appartement) : le groupe Facebook * iknowaflatinvilnius.

D’après le guide de l’université de Vilnius à l’attention des étudiants internationaux, le prix d’un loyer (hors charges) pour un étudiant varie entre 150 € et 350 €.

Quel quartier choisir ?

Le choix du quartier me semble aussi important. En habitant dans le quartier d’Antakalnis (plus ou moins 1 h à pied du centre-ville), la forêt était à 5 minutes à pied. Et si je marchais 5 minutes dans la direction opposée, j’arrivais sur les berges de la Néris (une rivière). En plus, ce quartier était vraiment plus proche du campus de l’université à Sauletėkis, donc définitivement plus pratique pour moi.

Les quartiers de Vilnius (cliquer pour afficher en plus grand) CC Wikimédia https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b1/Vilniaus_seniunijos.png
Les quartiers de Vilnius, la ligne au milieu est la Néris (cliquer pour afficher en plus grand) CC Wikimédia

Je connaissais des étudiants qui se plaisaient bien dans le quartier de Žirmūnai (en face du quartier d’Antakalnis, sur l’autre rive de la Néris).

Toutefois, un hébergement dans le centre-ville (senamiestis, soit la vieille ville par exemple) vous épargnera des frais de déplacement si vous aimez sortir après minuit, et vous serez bien plus à proximité du campus du centre-ville.

Aussi, ne pas s’étonner de l’aspect extérieur des logements qui pourrait peut-être rebuter certains : les immeubles soviétiques gardent leur façade soviétique. Toutefois, les logements à l’intérieur peuvent être rénovés, voire totalement neufs.

La suite s’intitule : Erasmus : où faire ses courses à Vilnius ?

Et vous, avez-vous facilement trouvé votre logement pour votre Erasmus ? Avez-vous eu des (bonnes ou mauvaises) surprises après avoir réservé un appartement / une chambre en ligne ?

Pour toute information complémentaire, n’hésitez pas à me contacter sur Facebook ou par mail à l’adresse clara.delcroix99@gmail.com.

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Erasmus à Vilnius : infos pratiques

Cet article présente la première partie de mon rapport de fin de séjour Erasmus en Lituanie, à Vilnius.Vous y trouverez les réponses à des questions pratiques afin de préparer un Erasmus dans ce pays balte. Comment organiser son départ ? À quel climat s’attendre ? Quels sont les transports en commun de la capitale ?

Sur l’année universitaire 2018-2019, j’ai participé au programme Erasmus qui m’a permis d’étudier une année à l’université de Vilnius, en Lituanie. 

Vilnius, capitale lituanienne

Dans les rues de la vieille ville de Vilnius © Clara Delcroix
Dans les rues de la vieille ville de Vilnius © Clara Delcroix

Vilnius ? C’est quoi ? C’est où ? Oui, ces questions, on les entend bien souvent… Vilnius est la capitale de la Lituanie, le plus au sud des trois pays baltes. Mais je vous l’accorde tout de suite, en terme de population, ce n’est pas une ville énorme.

En 2019, on y dénombrait un peu moins de 550 000 habitants (soit un peu plus que Lyon). Mais lorsque qu’on parle de la surface de la ville, elle est immense : 401 km2. Pas très parlant ? À titre de comparaison, Paris s’étale « uniquement » sur 105 km2.

Ce qui est assez frappant à Vilnius, c’est la différence de paysages entre la périphérie et le centre-ville. Avec ses 401 km2, la ville de Vilnius inclut aussi des lacs et des forêts.

Avant le départ

Partir un an à l’étranger, ça ne se fait pas vraiment du jour au lendemain – quoique, ça dépend des individus. Il faut commencer par remplir les formalités Erasmus. Une fois que le dossier a été accepté par votre université d’origine et votre université d’accueil, c’est officiel : vous partez.

Je pense que certains se sont plus ou moins arrêtés à cette étape avant de débarquer à Vilnius… dans un chaos manifeste.

Ce n’est pas mon cas. Car comme on dit : mieux vaut prévenir que guérir. S’il y a bien deux choses à s’occuper avant d’arriver sur place, ce sont le logement et le moyen de transport pour s’y rendre.

Avec un peu de recul, je pense qu’il est intéressant de jeter un œil à deux sites internet :

À eux deux, ils permettent de préparer au mieux le voyage, tant sur le plan de la santé que de l’administratif. On peut aussi parler de son voyage avec son médecin au besoin.

Résumer sa vie à deux sacs de voyage… choix difficile mais nécessaire ! © Clara Delcroix

Ne pas oublier non plus à faire une liste de choses à emporter, afin de ne rien oublier sur le stress du départ.

Quelle que soit la saison à laquelle vous partez en Lituanie, n’oubliez pas un parapluie, une veste imperméable et de quoi vous couvrir un peu (les nuits peuvent être fraîches en été). Si vous n’êtes pas très bien équipé pour le froid, une solution consiste à acheter sur place : moins cher qu’en France et mieux adapté au climat local.

Comment se rendre à Vilnus ?

Pour aller en Lituanie, l’option la plus simple est de prendre l’avion. Pas de vol direct Lille (LIL) – Vilnius (VNO) : il faut se rendre à Bruxelles ou à Paris.

  • Bruxelles (BRU) – Vilnius (VNO) : à partir de 39 € avec Brussels Airline
  • Paris (CDG) – Vilnius (VNO) : à partir de 83 € avec Air Baltic / Air France.

Depuis la France, le vol le moins cher est celui de Ryan Air : 17,99 € minimum. Attention toutefois, le départ se fait à l’aéroport de Paris Beauvais (BVA). Il n’y a pas de train direct Lille – Beauvais. Au départ de ce même aéroport, on trouve aussi  les vols de Wizz Air (à partir de 35 €).

Il est aussi possible d’aller à Vilnius en voiture. Il faudra compter deux-trois jours de route depuis Lille. Attention toutefois à la conduite lituanienne qui peut surprendre au départ.

Infos pratiques

La Lituanie a une heure de décalage avec la France. Quand il est midi à Paris (ou Lille), il est 13 h à Vilnius.

Climat

Lituanie, en lituanien, se dit Lietuva… soit pays de la pluie. Vous êtes prévenus. Il ne pleut pas énormément, mais le temps change très rapidement. Ainsi, il peut y avoir un grand soleil, et une heure plus tard, il pleuvra à verse.

En hiver, il fait froid, mais ça reste amplement supportable. Il a neigé de mi-novembre à mars. Pour les quelques semaines vraiment froides, prévoir des sous-vêtements thermiques/des collants chauds, une bonne paire de gants, un bonnet ou un bandeau et une bonne veste, ou mieux : un manteau. Au plus bas, la température est descendue à -20 °C.

En été, par contre, il a fait chaud et ensoleillé. On a atteint les 30 °C début juin. Et à l’inverse de l’hiver, les journées sont longues, très longues. Le 21 juin, le soleil s’est levé à 4 h 42 et s’est couché à 22 h (mais il faisait plus ou moins clair de 3 h 30 à 23 h 30).

Où est passée la mi-saison ?

La grosse différence, c’est que la mi-saison n’existe pas vraiment. En caricaturant, on passe de la neige au grand soleil d’un coup.

Sur l’année 2018 – 2019, voici le détail mois par mois des températures que j’ai connues :

  • septembre 2018 : 5 °C à 25 °C (oui, oui, le grand écart !)
  • octobre 2018 : 5 °C à 15 °C
  • novembre 2018 : – 5 °C à 10 °C
  • décembre 2018 : – 10 °C à 0 °C
  • janvier 2019 : – 15 °C à 0 °C
  • février 2019 : – 5 °C à 5 °C
  • mars 2019 : – 5 °C à 10 °C
  • avril 2019 : 0 °C à 20 °C
  • mai 2019 : 5 °C à 25 °C
  • juin 2019 : 15 °C à 30 °C

Des jours plus courts

Par contre les journées sont courtes. Au 21 décembre, le soleil se lève à 8 h 40 pour se coucher à 15 h 54 (plus ou moins 7 h d’ensoleillement donc). Le problème, c’est que le ciel reste sombre un bout de temps après le lever du soleil et s’assombrit avant l’heure dite du coucher. Personnellement, j’ai eu davantage de difficultés à m’habituer à la sombritude qu’au froid.

Les transports en Lituanie

Les trolley de Vilnius nous replongent dans l'ère soviétique © Clara Delcroix
Les trolley de Vilnius nous replongent dans l’ère soviétique © Clara Delcroix

À noter tout d’abord que pour se déplacer sur l’ensemble du territoire lituanien, il existe deux options : le bus ou le train (– 50 % sur les billets étudiants). Même au plus profond de la campagne lituanienne, il est possible de trouver un arrêt de bus au bord de la route !

À Vilnius plus précisément, pas de métro, mais de nombreuses possibilités pour se déplacer : bus, trolleybus (aussi dits trolleys), taxis, VTC (voitures de transport avec chauffeur), vélos en libre-service, etc.

Un abonnement 6 mois (180 jours) coûte 31,40 € en tarif étudiant. Il permet l’utilisation de tous les transports en public de la capitale : bus, bus express et trolleybus. Pour planifier ses déplacements à Vilnius, trafi est génial. Ils ont aussi une application pour les smartphones. Dans l’ensemble, tout circule de 5 h du matin à minuit. Le week-end, il y a aussi des bus de nuit (toutes les heures).

Il y a des taxis à Vilnius, mais je ne les ai jamais utilisés. J’ai toujours emprunté des systèmes de VTC : Bolt, Yandex.Taxi ou Uber notamment.

Pour des trajets plus éloignés, le train est bon marché en Lituanie (surtout avec un tarif étudiant) © Clara Delcroix
Pour des trajets plus éloignés, le train est bon marché en Lituanie (surtout avec un tarif étudiant) © Clara Delcroix

Quelle différence entre bus, bus express et trolleybus ?

Un bus est un bus comme on l’entend en France. Les bus express sont des plus gros bus. Ils sont un peu plus rapides, car ils ne s’arrêtent pas à tous les arrêts. Les trolleybus sont entre les bus et les trams, puisqu’ils roulent sur la même route que les voitures, mais sont accrochés à des câbles électriques qui les alimentent.

Trolleybus et bus express passent en général très régulièrement aux arrêts (toutes les 2 à 5 minutes). Les bus « normaux » passent un peu moins souvent. Mais après, tout dépend de l’heure…

En tout cas, ce qui est indéniable, c’est que les conducteurs sont différents d’en France. Lorsqu’on achète un ticket, c’est à peine s’ils disent bonjour. Mais si on court pour attraper un bus (tous types confondus), le conducteur est capable de nous attendre, voire, s’il avait démarré, de s’arrêter quelques mètres plus loin.

Les systèmes de libre service

Pour utiliser les vélos en libre-service, les trottinettes électriques en libre-service ou le système d’autopartage (car sharing), il faut utiliser l’application CityBee. Attention toutefois aux rayons d’utilisation de ces véhicules. Les trottinettes sont réservées pour l’ultra-centre et les vélos sont relativement centraux (impossible de se rendre au campus de Sauletėkis avec, par exemple). Pour les voitures, bien vérifier que l’on ne sorte pas de la zone d’utilisation autorisée (impossible d’aller en Lettonie avec l’une de ces voitures par exemple).

Des conventions d’écriture différentes…

Le système d’écriture de l’heure en Lituanie est différent du système français. En général, on utilise 24 heures. Mais au lieu de séparer le nombre des heures et celui des minutes, on utilise  » : « .

En FranceDans le monde anglo-saxonEn Lituanie
8 h 278:27am8:27
16 h 464:46pm16:46

De même, on ne compte pas les étages de la même manière qu’en France. Un rez-de-chaussée, en France, correspond au niveau 0. En Lituanie, c’est le niveau 1. Donc le 2e étage lituanien correspond au 1er étage français et ainsi de suite. C’est important d’y faire attention pour les étages des salles de cours et les ascenseurs. Oui, pour retourner au rez-de-chaussée dans un ascenseur en Lituanie, il faut presser le 1, et non le 0.

La suite s’intitule Trouver un logement pour un Erasmus à Vilnius.

Et vous, vous l’imaginiez comment la Lituanie ? Vous l’avez bien supporté le climat ?

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Covid-19 : la continuité pédagogique à l’université ? – suite

Il y a quelques semaines, je vous parlais de la continuité pédagogique à l’université et notamment des moyens mis en place par les enseignants et professeurs pour l’assurer. Mes partiels (examens) de fin de troisième année de licence sont terminés. Je reviens dessus.

C’est un peu déroutant le coronavirus Covid-19, des cours en distanciel et des partiels (examens) en ligne, chacun chez soi, en France. Des examens comme je n’en ai jamais connu !

Je craignais les systèmes de surveillance numérique qui nous demandent de scanner notre environnement et qui scrutent les moindres mouvements de nos yeux pour éviter toute triche. Je me demandais aussi la légalité de ces derniers… Et si je n’accepte pas que mes données soient utilisées ?

Ces systèmes demandent l’accès à tout : vidéo, son, copier-coller… Qui sait si elles contiennent un virus ou un cheval de Troyes ? Qu’est-ce qui me prouve qu’ils n’en profitent pas pour explorer mon disque dur ? Etc. Je ne les trouve pas très rassurantes. Bon, c’est peut-être un peu parano de ma part, mais sait-on jamais… Je rejoins en cela la position de la quadrature du net.

Ouf de soulagement : jamais un enseignant de mon université ne nous a demandé d’utiliser un tel programme ! Pourtant, j’y avais vraiment cru lorsqu’un enseignant nous a annoncés avoir « mis en place un système « anti-triche » »…

De l’expérience lituanienne

Pendant mon Erasmus en Lituanie, j’ai eu l’occasion d’expérimenter les examens en ligne. C’était un peu différent puisque nous étions regroupés dans des salles informatiques. Avant de rentrer dans ces salles nous devions laisser nos affaires dans des casiers fermés à clef : dans la salle informatique, nous avions uniquement la clef de notre casier et un stylo / crayon de bois (mon côté nordiste qui ressort… « crayon à papier » pour les parisiens 😉).

Pour seule surveillance dans la salle : l’enseignant du cours. Je ne reviendrai pas sur certains points du système éducatif lituanienne qui se rapprochent plus de la Finlande que de la France. Ça explique certains comportements des enseignants (tiens, une bonne idée d’article 😉).

Quoiqu’il en soit, nous avions les examens sur l’ENT lituanien (espace numérique de travail) de l’université de Vilnius : emokymai. Il fallait connaître son identifiant de connexion (j’étais le 1242254) et son mot de passe.

Oui, sauf que les claviers étaient lituaniens… Non seulement un clavier qwerty, mais d’autres éléments bougent. Je ne vous raconte pas la galère pour taper un mot de passe puisqu’on ne voit pas ce qu’on écrit (cachés par des puces)… Ce sont les inconvénients de l’étranger. 😬

Mais d’un autre côté, les étudiants Erasmus avaient le droit d’ouvrir un traducteur pour traduire les questions. Et pour tous, si on oubliait notre calculatrice, il nous était possible d’utiliser la calculatrice intégrée à l’ordinateur.

Les enseignants nous distribuaient toujours une feuille de brouillon (ou plusieurs sur demande) pour pouvoir réfléchir par écrit en cas de besoin.

En effet avant l’examen, ils nous détaillaient bien le type d’épreuve : le nombre de questions, la durée de l’examen, le type de réponses attendues (vrai/faux, question à choix multiples, question à laquelle il faut taper un chiffre en réponse…) et ainsi de suite.

À la fin de l’examen, la note obtenue s’affichait. C’est assez logique puisque le système la calcule automatiquement.

Les examens en France en période de continuité pédagogique

Lorsque j’apprends que, pour cause de coronavirus Covid-19, mes examens sont en ligne (sur l’ENT, moodle), je suis sûrement un peu moins déroutée que certains de mes camarades : j’ai déjà connu en Lituanie. Certes je suis chez moi et non dans une salle informatique mais le principe reste le même dans le fond.

Ce qui me stresse le plus, c’est de savoir que je suis un peu moins bien préparée que d’habitude pour ces examens… 1 à 2 mois d’enseignement distanciel selon les cours, ça laisse des traces (surtout quand la continuité pédagogique n’est pas très bien assurée).

Les professeurs nous ont indiqué les principes de leur évaluation. Sauf qu’entre les attentes et la réalité, il y a parfois dissonance… jusqu’à un fossé qui se creuse.

D’autres nous ont laissé dans un flou artistique, en abordant de manière très évasive la forme d’évaluation. « Ne vous inquiétez pas, si vous avez révisé, ça ira ! » Euh, merci… ?

Sur les QCM (Questionnaires à Choix Multiples), j’ai été étonnée de voir que les 20 questions annoncées s’étaient miraculeusement transformées en 30-35 questions (pour le même temps de travail, évidemment). Abracadabra !

Une autre surprise qui n’en est pas vraiment une : certains questionnaires sont impossibles à terminer dans le temps imparti ! Oh surprise, mais on est en France, rappelons-le… C’est vrai qu’ici les étudiants ne peuvent pas avoir 20/20… Déjà 18/20 c’est vraiment exceptionnel. On ne va pas trop les gâter non plus. Oui, en Lituanie les étudiants visaient le 10 sur 10, en France ils visent le 10… sur 20 !

En France, la note obtenue ne s’affiche pas à la fin de l’examen. Nous devons attendre les résultats du semestre.

D’autres formes d’évaluation

Certains enseignants conservent la même forme d’examen qu’en présenciel. Sauf que ça perd son sens… Problème : ces examens, pour la plupart, ne sont pas conçus pour être réalisés avec les outils mis à notre disposition.

En effet, à distance, chacun chez sois, il est difficile d’empêcher l’utilisation d’Internet. Aussi, pourquoi ne pas plutôt apprendre aux étudiants à l’utiliser à bon escient ?

Pour certains cours, un côté « par cœur » peut être nécessaire, je le conçois. Mais parfois, il s’agit davantage d’appliquer le cours à un exemple pratique.

Et la triche lors des examens à distance ?

La triche, ça a existé, ça existe et ça continuera d’exister… (attention, je ne défends pas les tricheurs, c’est juste un constat). Certains types d’évaluation sont peut-être plus propices à la triche que d’autres. Les QCM sont plus « trichables » que des sujets rédigés, de réflexion.

Je sais que certains groupes se sont créés en ligne afin d’échanger les réponses aux questions des examens, mais c’est aussi et sûrement dans ces mêmes groupes que s’organisait l’entraide pour essayer de comprendre le cours et préparer l’examen…

Quelles solutions ?

À mon niveau, difficile de trouver des solutions… je ne suis pas enseignante. D’un point de vue d’étudiante, j’ai l’impression que pour enseigner à distance, les cours doivent être pensés de cette manière. On n’assure pas un cours à distance comme on assure un cours en présenciel. Cela s’applique aussi aux examens.

Il s’agirait donc peut-être d’amener de nouvelles formes d’enseignement et d’évaluation. Oui, ça requiert certainement un peu d’imagination et de créativité…

Certains fossés se sont aussi creusés entre ceux qui prenaient régulièrement leurs cours par écrit sur ordinateur et ceux qui utilisaient un cahier et un crayon. En effet, si l’on n’a pas l’habitude de réaliser un schéma ou d’écrire une formule mathématique avec l’ordinateur, une réelle perte de temps peut en découler.

Mais si l’on apprend à tout le monde à utiliser des outils qui permettent d’effectuer ces actions, on remet tout le monde sur le même pied d’égalité. Évidemment, ce n’est pas fait.

Certains enseignants tentent d’en tenir compte en « coupant » la partie d’examens nécessitant l’écriture de formules mathématiques et la réalisation de schémas. Dommage ! Cela est parfois plus simple.

Autre problème : l’hétérogénéité du matériel des étudiants. Il va de l’ordinateur au smartphone. Déjà que certains enseignants sont surpris que tout le monde ne possède pas la suite Microsoft (en Lituanie, les produits Microsoft étaient mis à disposition des étudiants) !

En plus, certains étudiants ne possèdent pas de matériel. Heureusement pour eux que la BU (Bibliothèque Universitaire) avait rouvert.

Les enseignants devraient se renseigner d’avantage sur l’équipement que possèdent leurs étudiants et adapter les examens en conséquence. Or ils sont peu nombreux à le faire.

Vous avez des idées pour améliorer l’enseignement à distance ? Quid de l’évaluation des compétences en ligne ?

Continuité pédagogique, les examens - image Pinterest © Clara Delcroix
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Le long du canal Griboïedov à Saint-Pétersbourg

Lorsqu’on visite Saint-Pétersbourg, longer le canal Griboïedov permet de découvrir l’histoire au travers de l’architecture de la ville.

Saint-Pétersbourg se situe au Nord-Ouest de la Russie. Elle est fondée par Pierre le Grand en 1703 dans l’idée d’en faire la nouvelle capitale. À cette époque, il souhaite européaniser la Russie. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains mots russes sont issus du français.

La nuit tombe sur le canal Griboïedov à Saint-Pétersbourg © Clara Delcroix
La nuit tombe sur le canal Griboïedov à Saint-Pétersbourg © Clara Delcroix

Dans Le cavalier de bronze, Poushkine décrit la fondation de Saint-Pétersbourg par Pierre le Grand. Le préambule commence ainsi :

Il était là, debout sur le rivage d’une mer déserte et, plein de ses grandes pensées, il regardait au loin. À ses pieds, le fleuve roulait ses larges eaux que seule remontait péniblement une embarcation. Çà et là des chaumières, asiles du Finnois indigent, se dressaient noirâtres sur ces bords envahis par la mousse et la vase. Et la forêt impénétrable aux rayons d’un soleil voilé de brume étendait sa rumeur alentour. Il se disait : « D’ici, nous menacerons le Suédois. Une ville y sera bâtie malgré nos orgueilleux voisins. La nature a voulu qu’ici nous percions une fenêtre sur l’Europe et que nous demeurions le pied ferme au bord de la mer. Jusqu’ici, portés par ces flots qu’ils ne connaissaient point, tous les pavillons viendront nous rendre visite. Et l’on y pourra banqueter à l’aise. »

– Alexandre Pouchkine

Une géographie intéressante

La géographie de Saint-Pétersbourg est remarquable. C’est à cet endroit que la Neva (un petit fleuve de 74 km de long) se jette dans le Golfe de Finlande. La ville est construite sur plusieurs petites îles entrecoupées de bras de la Neva et de canaux. Ce n’est pas pour rien si certains la surnomment la Venise du Nord !

Le canal Griboïedov © Clara Delcroix
Le canal Griboïedov © Clara Delcroix

Parmi ces canaux, le plus long est le canal Griboïedov avec ses 5 km de long. En réalité, il voit le jour en 1739 sous une autre appellation : canal Catherine, pour Catherine Ire, impératrice de Russie de 1725 à 1727 (et d’origine lituanienne ! 🙂 ).

Maintenant que nous avons fait connaissance avec Mme Catherine, qui était donc M. Griboïedov ? De son nom complet Alexandre Sergueïevitch Griboïedov (1795-1829), il était auteur, diplomate et compositeur.

Portrait d'Alexandre Griboïedov par Ivan Kramskoï CC Wikimedia https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Griboyedov.jpg
Portrait d’Alexandre Griboïedov par Ivan Kramskoï (CC Wikimédia)

Le canal Griboïedov est traversé par 21 ponts, soit un pont… tous les 150 m environ ! Mais surtout, il est flanqué d’une architecture remarquable.

Longer le canal Griboïedov à pied

Cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé

Le canal Griboïedov débute un peu avant la cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé (en russe : Храм Спаса на Крови, ou khram spassa na krovi) . Si on pense attraction touristique à Saint-Pétersbourg, c’est définitivement cette majestueuse cathédrale orthodoxe dans un style médiéval russe qui vient à l’esprit.

Le canal Griboïedov débute juste derrière la cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé © Clara Delcroix
Le canal Griboïedov débute juste derrière la cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé © Clara Delcroix

La cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé est relativement récente, puisque sa construction a débutée en 1883 et s’est achevée en 1907. Elle se trouve sur les lieux précis de l’assassinat d’Alexandre II, empereur de Russie de 1855 à sa mort en 1881. D’où son nom : Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé.

Lorsque je l’ai vue, elle était en réparation. J’en ai parlé à une amie russe, elle m’a indiqué : « C’est normal, elle est toujours en réparation »… Vous êtes prévenus. 😉

Il serait difficile d'observer les bulbes de la cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé sans échafaudage… © Clara Delcroix
Il serait difficile d’observer les bulbes de la cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé sans échafaudage… © Clara Delcroix

En poursuivant le chemin, on longe des petites échoppes où l’on peut acheter tous les souvenirs russes possibles : chapkas, matriochkas, châles, magnets… Puis on atteint le pont Italien (Итальянский мост, ou Ital’ïancki most), construit en 1896 à la place d’une petite passerelle en bois.

Maison du livre ou immeuble Singer

On atteint ensuite la maison du livre (Дом книги, ou dom kingui), aussi connue comme l’immeuble de la compagnie Singer (Дом компании «Зингер», ou dom kompani Zinguer). Oui, la même entreprise que celle des machines à coudre ! Soit dit en passant, Singer est une entreprise américaine…

Les amateurs d’art nouveau s’en donneront à cœur joie avec cet immeuble de sept étages réalisé par l’architecte Pavel Souzor entre 1902 et 1904.

L’immeuble est désormais une librairie. Ni une, ni deux, sautez sur l’occasion pour acheter quelques livres (en russe principalement) : il y en a pour tous les goûts !

La coupole de l'immeuble Singer, on ne s'en lasse jamais © Clara Delcroix
La coupole de l’immeuble Singer, on ne s’en lasse jamais © Clara Delcroix

L’immeuble Singer fait l’angle entre le canal Griboïedov et la principale artère pétersbourgeoise : la perspective Nevski. La perspective Nevski est aussi une œuvre de Gogol, dont l’incipit débute comme suit :

Il n’y a rien de mieux que la Perspective Nevski, du moins à Pétersbourg ; pour lui, elle est l’alpha et l’oméga. De quoi cette rue – la belle de notre capitale – ne brille-t-elle pas ! Je sais que pas un seul de ses pâles et fonctionnaires habitants n’échangerait la Perspective Nevski pour tous les biens du monde.

– Nicolas Gogol

Cathédrale Notre-Dame-de-Kazan

Une fois la perspective Nevski traversée, voici venir la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan. La construction de cette cathédrale néo-classique s’est achevée en 1811. Elle a un petit côté Basilique Saint-Pierre du Vatican, avec son dôme qui s’élève à une hauteur de 76 m et ses nombreuses colonnes disposées en arc de cercle.

Cathédrale Notre-Dame-de-Kazan © Clara Delcroix
Cathédrale Notre-Dame-de-Kazan © Clara Delcroix

Amusant de savoir que la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan est transformée en musée de l’athéisme à l’époque soviétique, puis rendue au culte par la suite.

Le prochain pont est le pont de la Banque, construit en 1826. C’est un véritable symbole de la ville avec ses 4 griffons aux ailes dorées. Malheureusement, il était lui aussi en réparation lorsque j’étais à Saint-Pétersbourg.

Un tronçon moins intéressant ?

La prochaine portion du canal est un peu moins intéressante. Excepté le pont aux lions, il n’y a pas d’église ou de pont particulier a priori. Mais en réalité, on y trouve quand même pas mal de belles architectures !

J’en ai profité pour faire un petit détour par un magasin de guimbarde : Oberton Pro (Gorokhovaya – Гороховая 34). Un magasin dédié aux guimbardes en France, c’est plutôt rare, alors je ne pouvais pas louper ça. 😉

C’est aussi le moment idéal pour faire une petite pause dans l’une des boulangeries ou l’un des cafés. En hiver, c’est presque nécessaire, ne serait-ce que le temps de se réchauffer. 🥶

Certaines architectures sont peut-être moins reluisantes, mais c'est aussi ça Saint-Pétersbourg… © Clara Delcroix
Certaines architectures sont peut-être moins reluisantes, mais c’est aussi ça Saint-Pétersbourg… © Clara Delcroix

1 km à pied…

Je trouve que le dernier kilomètre redevient particulièrement intéressant.

On passe d’abord par la cathédrale Saint-Nicolas-des-Marins : c’est mon église préférée à Saint-Pétersbourg. Sa construction a débuté en 1753 dans un style baroque élisabéthain, plus connu sous le nom de rococo. On la reconnaît entre toutes avec sa façade bleu et blanc et ses 5 coupoles dorées, dont la plus haute culmine à 52 m.

Église Saint-Nicolas-des-Marins © Clara Delcroix
Église Saint-Nicolas-des-Marins © Clara Delcroix

Cette cathédrale se nomme Saint-Nicolas-des-Marins car elle est dédiée à Saint-Nicolas. Oui, le même que notre Saint-Nicolas avec son âne et/ou le père Fouettard. En réalité, Nicolas de Myre, Saint-Nicolas est aussi le saint patron des marins et bateliers, d’où Saint-Nicolas-des-Marins.

Dans la nuit tombante, de l'Église Saint-Isidore, on ne distingue que la silhouette © Clara Delcroix
Dans la nuit tombante, de l’Église Saint-Isidore, on ne distingue que la silhouette © Clara Delcroix

Au loin point l’église Saint-Isidore avec ses bulbes verts. Elle a été construite entre 1903 et 1907 pour la communauté orthodoxe d’origine estonienne. L’église est consacrée à Isidore de Youriev, mort pour avoir refusé de se convertir au catholicisme. Sous la domination russe, Youriev était le nom de l’actuelle deuxième ville d’Estonie : Tartu.

Et voilà, il ne reste plus qu’à marcher quelques centaines de mètres pour atteindre la fin du canal Griboïedov.

Arrivée à la fin du canal Griboïedov, la nuit est tombée © Clara Delcroix
Arrivée à la fin du canal Griboïedov, la nuit est tombée © Clara Delcroix

Et voilà, c’est ainsi que s’achève notre petite balade à Saint-Pétersbourg. Mais il reste encore de nombreuses choses à découvrir : l’Hermitage, la forteresse Pierre-et-Paul, le Kunstkamera, la cathédrale Saint-Isaac…

© Clara Delcroix
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Ces mots français qu’on trouve en russe

Après deux ans d’apprentissage du russe (j’ai commencé lors de mon Erasmus), je m’étonne encore du nombre de mots qui ont été empruntés au français dans la langue de Pouchkine.

On a l’impression que tout oppose russe et français. Et pourtant, ces langues offrent plus de similitudes qu’on le croit !

Certains mots sont des faux-amis, mais dans l’ensemble, ici, ce sont plutôt de vrais amis, qui signifient exactement la même chose en russe et en français. Allez, on commence tout de suite.

Les lieux et les transports

Imaginons que vous partiez en voyage (вояжvoïaj) dans un pays russophone. Vous préparez vos bagages (багаж – bagaj) dans un sac de voyage (саквояж – sakvoïaj).

Une fois en ville, apprendre les différents lieux ne sera pas bien compliqué :

  • le restaurant se dit песторан (restoran)
  • le parc парк (park)
  • la banque банк (bank)
  • le boulevard бульвар (boul’var)
  • le théâtre театр (teatr)
  • une boutique « normale » магазин (magasin)
  • une boutique un peu plus chic (de bijoux par exemple) sera бутик (boutik)
  • sur les boutiques de souvenirs, il sera écrit en gros сувениры (souveniry)
  • et même la plage s’écrira пляж (pliaj)

Il en va de même pour les moyens de déplacement :

  • le taxi se dit такси (taksi) – et qu’on ne me dise pas que c’est international : en estonien c’est takso –
  • le métro метро (metro)
  • l’aéroport аэропорт (aeroport)
  • le vélo велосипед (velosiped, comprendre vélocipède)

Pareil pour les voitures : une décapotable se dira кабриолет (kabriolet, comprendre cabriolet) et le coupé купе (koupe). « Кабриолет » est d’ailleurs le titre d’une chanson du groupe Leningrad (oups, connu pour la vulgarité de leurs chansons) :

Art, architecture, décoration…

En Russie, dans les musées, vous serez prié de porter votre manteau à la garde-robe (гардеробgarderob). Et d’ailleurs, si vous visitez un musée d’art, bon nombre du vocabulaire sera issu du français : le paysage (пейзажpeïzaj), le portrait (портретportret) et même, mon préféré, la nature morte (натюрмортnatiourmort).

La décoration intérieure y passe aussi avec le tabouret (табуретtabouret), l’abat-jour (абажурabajour), les jalousies (persiennes coulissantes, dites жалузиjalousi) ou l’étage (етажetaj). Et peut-être que sur votre buffet (буфет – boufet) trône un bouquet de fleurs (букет – bouket) de votre dernier rendez-vous (рандеву – randevou).

Portraits, paysages ou natures mortes, les Russes comptent de grands artistes dans leur rang, comme ici Ivan Aïvazovski et son tableau « La Neuvième Vague » CC Wikimédia https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Aivazovsky,_Ivan_-_The_Ninth_Wave.jpg
Portraits, paysages ou natures mortes, les Russes comptent de grands artistes dans leur rang, comme ici Ivan Aïvazovski et son tableau « La Neuvième Vague » (CC Wikimédia)

Et en vrac, le magazine se dit журнал (journal), mais le journal газета (gazeta, comprendre gazette). Improviser se dit импровизировать (improvisirovat’) et s’adapter адаптировать (adaptirovat’).

J’aime aussi l’utilisation des mots anecdote (анекдотanekdot), ou l’impression de déjà-vu (дежавю – dejaviou). Voire les insultes directement issues de la langue de Molière : débile (дебил – debil) ou idiot (идиот – idiot).

Et si c’est la merd*, on peut dire que c’est un cauchemar (кошмар – kochmar) ou une catastrophe (катастрофа – katastrofa). Mais gare au chantage (шантаж – chantaj) et au sabotage (саботаж – sabotaj) !

Mais cette liste est loin d’être exhaustive : il suffit d’une recherche internet pour le constater !

Des mots russes d’autres origines

Amusant aussi d’apprendre qu’un crayon se dit карандаш (karandach), non sans m’évoquer les Caran d’Ache aquarellables de ma maman, ou qu’une tomate se dit помидор (pomidor) cette fois non sans rappeler l’italien pomodoro.

Avec le vocabulaire de l’alimentation, j’ai noté que les Russes désignent un sandwich avec le terme бутерброд (bouterbrod) et la pomme de terre avec картофель (kartofel’). Tiens, mais c’est de l’allemand ça : Butterbrot (littéralement « pain au beurre », une tartine beurrée que l’on mange lors de l’Abendbrot par exemple) et Kartoffel ! Même un sac à dos se dit рюкзак (rioukzak), comme Rucksack en allemand.

De l’anglais on tirera d’autres mots comme l’ascenseur (лифтlift), l’ordinateur (компьютерkomp’iouter, computer en anglais), le bureau (офисofis, office en anglais)…

Pourquoi tant de similitudes ?

Plusieurs explications à l’existence de ces mots « français » dans la langue de Tolstoï.

Tout d’abord, le russe comme le français ont un ancêtre commun : l’indo-européen. On retrouve aussi des racines grecs et latines dans des mêmes mots russes et français.

Mais une autre raison explique l’arrivée de mots typiquement français dans le russe : à la cour des tsars, on parlait le français au XVIIIe et au XIXe siècle. Pierre le Grand souhaitait européaniser la Russie, et cela passer par une expression dans des langues étrangères dont le français qui dominait à l’époque.

En outre, la révolution française poussa de nombreux aristocrates français à émigrer vers la Russie. Tout ça a pris fin avec la campagne de Russie orchestrée par Napoléon. Mais le russe a gardé ses traces de français 😉

Bon, sinon les Français utilisent aussi des mots russes : chapka, matriochka, balalaïka, vodka, samovar, kalachnikov, Spoutnik… Un peu cliché tout ça, non ?

Et vous, connaissez-vous des mots français que les Russes emploient ? Ou des mots français empruntés à d’autres langues qui vous amusent ?

© Clara Delcroix
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Covid-19 : la continuité pédagogique à l’université ?

Suite à l’épidémie de coronavirus (Covid-19), le confinement est de rigueur depuis plusieurs semaines en France. Étant étudiante à l’université (en 3e année de licence), mes cours se poursuivent… à distance. Vive la continuité pédagogique, les outils numériques, internet et l’ENT (espace numérique de travail) ! Ou pas…

Parfois j’entends des enseignants ou étudiants raconter comment se passe la continuité pédagogique, dans les médias et sur Internet. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les enseignants continuent leurs cours à l’aide de vidéo-conférences, les élèves peuvent poser leurs questions en direct… C’est top, et ce n’est pas ironique : je le pense vraiment.

Mais pour moi, ça ne se passe pas vraiment comme ça… Il y a quelques jours, un ami m’écrivait : «En plus la fac nous laisse un peu tout seul pour les cours là …» Malheureusement, oui.

L’idée du siècle : les cours au format pdf

Le pdf (portable document format), c’est pratique ! Au moins, tout le monde peut le lire facilement sur son ordinateur et les profs semblent l’avoir compris. En parallèle, le .doc ou .docx (pour Word) a toujours la côte, mais c’est facile à ouvrir, donc il n’y a pas trop de problème.

De temps à autre un .odt (OpenDocument, pour OpenOffice) ressurgit. Et ça se complexifie… Ou encore, cet enseignant qui nous fournit des documents en .csv ou .des parce que «oui, vous aussi lorsque vous chercherez des données sur internet elles ne seront pas toujours au bon format». Soit !

Bon, la dernière fois, c’est moi qui me suis plantée en envoyant un document en .pages (qui ne se lit donc que sur un Mac). L’enseignant n’avait pas de Mac. Mea culpa.

Depuis mes années collège et lycée, les enseignants ont réussi à intégrer que le pdf était passe-partout. Pour ça, je dis : bravo ! Le hic, c’est qu’aujourd’hui, il existe des moyens pour rendre un cours en ligne bien plus passionnant qu’un simple pdf… Autant lire un livre sur le sujet, ce sera plus complet et l’effet sera le même…

Donc quand un enseignant nous envoie « seulement » ses notes de cours (qui étaient déjà écrites auparavant hein), ça me pose un léger problème. En amphi, en général, il y a plus d’interaction, ce qui permet de mieux comprendre. L’enseignant va développer tel point. Un étudiant l’interrompt sur tel autre point. Et le cours se construit ainsi, au fur et à mesure, dans l’échange.

Numérique à l’université : oui, mais pas trop quand même…

Le numérique, c’est bien. Mais trop de numérique, ah non ! Faut pas pousser mémé dans les orties ! Par exemple, lorsqu’on étudie l’économie (comme moi), il y a souvent des schémas et des graphiques à effectuer. Ni une ni deux, les enseignants sortent leur botte secrète : le scanner.

Plaçons-nous du point de vue de l’étudiant. Le pdf vient d’être mis en ligne. Cool, allons l’ouvrir ! Le cours est tout beau, bien écrit à l’ordinateur. L’étudiant le lit, les pages défilent. Et tout à coup, patatra ! Qu’est-ce que c’est ? Une magnifique page avec des graphiques, page bien évidemment réalisée à la main puis scannée.

L’enseignant nous fournit un graphique de traviole réalisé en deux temps trois mouvements à main levée. Mais par contre, dans nos copies, on nous emmer** avec l’usage de la règle pour la réalisation des graphiques et schéma ? Il est où le problème ?

Dans l’ensemble, ces schémas ne sont pas très complexes et peuvent être rapidement réalisés de manière très correcte et propre avec un ordinateur.

En plus, grande nouvelle : un pdf peut être lourd, voire très lourd. J’ai l’impression que, pensant bien faire, les enseignants scannent les images en très grands formats (ou en haute résolution alors que 72 dpi suffisent). Ça utilise un stockage très important. Aujourd’hui, il existe pourtant plein d’outils pour réduire la taille d’un pdf…

Problèmes de timing en e-éducation

Nous, étudiants, sommes habitué à lire nos cours sur l’ENT – les « bons » élèves en tout cas. Mais un jour, malheur.

Extrait d’un groupe entre étudiants :
« Je ne comprends pas, sur l’ENT, X prof a mis le programme du cours mais pas le cours ?
– Si, si, le cours était là la semaine dernière, mais il est terminé donc pas de nouveau cours normalement. »

Vérification faite sur l’ENT : la plupart des anciens documents de cours ont été supprimés. Entre temps un nouveau message sur le groupe : «Mais du coup on n’a plus accès au cours de X ? Parce que moi j’avais lu mais pas téléchargé la fin du cours quoi…»

Alors ça, c’est bien pensé : supprimer le sacro-saint cours de l’ENT quelques jours après sa mise en ligne ! Simple erreur de manipulation ? Non, non, les corrigés des TD (travaux pratiques) ont aussi été retiré quelques jours plus tard par le même enseignant.

Sûrement que le cours risquait de trop « tourner » entre les étudiants les prochaines années (les étudiants viendraient-ils encore à ce cours l’an prochain ?). Et puis peut-être se retrouverait-il sur Internet. Il est vrai que certains enseignants pensent même avoir un droit d’auteur sur la prise de notes de leurs cours par les étudiants.

Mise au point. Le cours de l’année précédente, comment dire… de base nous l’avons ? Nous l’avons tous récupéré auprès d’étudiants de l’année précédente. De plus, étant donné que les cours sont accessibles sur l’ENT, pourquoi les sauvegarder sur notre ordinateur ? Bon Dieu ! En plus, comme ils peuvent être lourds, tout le monde n’a pas des millions de gigaoctets de stockage…

Bon, de mon côté, j’avais anticipé la possibilité qu’un enseignant nous « fasse le coup », et j’avais tout téléchargé. Ah là là…

Enfin un enseignant cool, yes !

L’un de mes enseignants nous enregistre un podcast pour son cours. Et sans être de haut vol, c’est plutôt pas mal. J’ai l’impression que c’est l’enseignant qui se donne le plus pour nous.

On voit qu’il s’est cassé la tête sur la manière de poursuivre son cours. Et pour moi, son petit podcast est devenu un véritable rendez-vous hebdomadaire : autant saluer le travail fourni !

Comment se déroule le podcast ? L’enseignant énonce le cours à son téléphone, comme il le ferait pour un cours en présentiel. Il prend le temps de reformuler, d’expliquer. Les grains de formation ont une durée maximale de 20 minutes et sont diffusés en ligne sur SoundCloud.

Il nous conseille de prendre de prendre des notes pendant l’audition. Presque comme un vrai cours en somme. Mais au moins, j’écoute ce qu’il raconte, je prends des notes et je retiens. Pour ce qui est des questions, un forum est ouvert sur l’ENT.

Un autre enseignant, nous le savons depuis le début du semestre, possède un site internet où son cours est disponible. Au début du semestre, il avait précisé : «mais le cours est beaucoup plus dense sur le site, nous ne voyons pas tout ici, il n’est pas nécessaire de tout savoir». Devinez quel enseignant, au début du confinement, nous a annoncé «le cours est sur mon site internet» (sous-entendu : débrouillez-vous ! et apprenez plus qu’il ne faut – 200 pages à ingurgiter) ?

Travaux à rendre en continuité pédagogique

Être confiné ne rime pas avec se la couler douce pour les étudiants (enfin, ça dépend pour qui 😉). Nous avons régulièrement des travaux à rendre par e-mail à nos enseignants. Au début, je me suis dit : «Chouette, on va avoir un suivi personnalisé, ça permettra de bien progresser !» J’ai vite déchanté.

Oui, on fait le travail. Mais les enseignants nous remettent un corrigé global, le même pour tout le monde. Juste le corrigé de l’exercice, sans vraiment nous expliquer où ça coince pour nous.

À l’opposé, d’autres font un effort et nous renvoient des corrigés bien détaillés. Peut-être même un peu trop. C’est super gentil, et je me sens mal vis-à-vis du travail qu’ils ont fourni, mais lire 20 pages A4 de corrigé, personnellement je n’ai pas la foi… et je ne pense pas être la seule.

En comparaison, un cours entier d’un semestre, lorsque je le tape à l’ordinateur, comporte entre 40 et 60 pages.

Entre les deux extrêmes il y a un juste milieu à trouver.

Autre exemple bizarre : les exercices envoyés en même temps que le corrigé. Nous devons simplement remplir une fiche de suivi pour indiquer les exercices effectués. Pas beaucoup d’explications, tout se joue sur l’auto-correction et la confiance dans le travail des étudiants. C’est tellement rare que des enseignants nous fassent confiance que ça en devient surprenant.

Pour certains cours, nous avions des présentations de prévues. Elles sont toutes annulées. Mais pourquoi ? On aurait pu les organiser différemment en vidéoconférence ou avec d’autres outils, non ?

En pour finir, les partiels qui avaient lieu pendant le confinement ont aussi été annulés. Bon, ça, je ne vais pas m’en plaindre. 😄 Mais au juste, si le confinement se poursuit encore quelques temps, on fera comment ?

Faut-il vraiment blâmer les enseignants ?

Les enseignants sont-ils responsables de cette situation ? Ont-ils été aiguillés d’une quelconque manière sur l’utilisation des outils numériques ? Ont-ils été formé à l’enseignement à distance ? Leur a-t-on expliqué un instant comment construire un cours en ligne ?

Je pense qu’un cours à distance ne se construit pas de la même manière qu’un cours en présentiel. C’est d’ailleurs ce qui est indiqué sur la plupart des sites d’entreprises spécialisées dans le e-learning.

En théorie, pour la continuité pédagogique tous les enseignants devraient modifier leurs cours et exercices… 

Envoyer les notes de cours déjà écrites et se reposer sur ses lauriers, ça ne fonctionnerait pas dans ce cas… Et du coup ça leur prendrait un temps fou ! Mais, si on jette un coup d’œil sur le passé, depuis plus de 10 ans, les spécialistes de l’éducation orientés nouvelles technologies assurent qu’il faut préparer des cours utilisables à la fois en présentiel et à distance (y compris en blended learning) ! Qu’on fait les enseignants depuis tout ce temps ?

En attendant, ce sont les étudiants qui paient les pots cassés. J’ai passé près de 5 h sur un TD d’1h30. Non pas que je sois mauvaise dans la matière, lente ou quoi que ce soit d’autre… Nombreux sont ceux à avoir eu le même problème. On nous laisse avancer à l’aveuglette.

La mise en place de cours à distance n’aurait pas dû être pensée seulement au début du confinement (pour rappel, ça fait plus de 10 ans qu’on parle de continuité pédagogique).

Continuité pédagogique à l’étranger

C’est un problème plus global. Quand j’y réfléchis, je me dis que l’année dernière, lors de mon année Erasmus en Lituanie, chaque semestre j’avais des examens sous forme de QCM (questionnaire à choix multiples) sur l’ENT… Ah oui, mais en France, il faut encore et toujours disserter…

Je vois qu’à l’étranger, et même dans d’autres université françaises, pendant cette période de continuité pédagogique, les enseignants utilisent Zoom, Microsoft Teams ou autres. Mais dans ma faculté, rien. Je dois être dans une faculté exceptionnelle ! 😜

Ce ne sont que des pistes de réflexion : je ne sais pas qui a raison ou a tort. Peut-être me dira-t-on que les étudiants en attendent trop…

Mais que vous soyez étudiants ou enseignants, que vous ayez des idées pour améliorer l’enseignement en période de confinement ou souhaitiez simplement partager votre ressenti, n’hésitez pas à laisser un commentaire ! 😊

CC Unsplash Christin Hume https://unsplash.com/photos/mfB1B1s4sMc
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À la découverte des marais en Lettonie, à proximité de Riga

Riga est la capitale de la Lettonie, et la plus grande des trois capitales baltes. On peut faire ses emplettes au marché central ou déambuler dans ses rues pour y admirer l’architecture art nouveau… Mais non loin de là, pour ceux qui souhaitent se mettre au vert, on trouve aussi des marécages !

Tourbière, marais, marécage… Quelle(s) différence(s) ?

Une mare dans le marais de Kemeri en Lettonier © Clara Delcroix
Une mare dans le marais de Kemeri en Lettonier © Clara Delcroix

La différence entre tourbière, marécage et marais, ça vous parle ? On imagine un paysage où la terre est imbibée d’eau et la végétation – ou plus précisément, la biodiversité – est particulière. L’image des sables mouvants vient elle aussi à l’esprit assez facilement.

Pour le marais, certains penseront à Shrek. Les parisiens, eux, penseront au quartier du marais. Au fait, pourquoi s’appelle-t-il ainsi ?

Mais alors, quelle est la différence entre une tourbière, un marais et un marécage ? Moi-même je ne le savais pas… J’ai donc cherché dans le Larousse, et voici les différentes significations :

  • marais : région recouverte par des eaux peu profondes, en partie envahie par la végétation
  • marécage : étendue de terrain couverte de marais
  • tourbière : sorte de marais au fond duquel se forme la tourbe et où on l’extrait

Et, au passage, toujours d’après le Larousse, la tourbe se définit comme un sol hydromorphe à nappe phréatique permanente, à accumulation de matière organique incomplètement décomposée, provenant des débris végétaux et racines des plantes hygrophiles.

La tourbière du marais de Cenas © Clara Delcroix
La tourbière du marais de Cenas © Clara Delcroix

La tourbe est utilisée à 70 % dans l’industrie de l’énergie, le restant principalement en horticulture, mais aussi dans les cosmétiques ou en médecine par exemple.

Les paysages marécageux se trouvent dans plus de 175 pays à travers le monde, couvrant environ 4 millions de km2, soit 3 % de la surface terrestre. Ils sont souvent difficile d’accès : sables mouvants (parfois dits lises) et risque de se perdre.

Le territoire letton est couvert à hauteur de 10,7 % de ce type de paysages ! Les marais ont commencé à s’y former il y a environ 10 000 ans. À cette époque, le climat est devenu plus doux (période post-glaciaire) et humide dans cette région, et le sapropèle (type de vase) a commencé à se déposer dans le fond des lacs.

À cause du phénomène de sables mouvants, suite à la Seconde Guerre mondiale, des tanks sont enfouis dans les marais lettons. En outre, on n’y trouve pas moins de 1,5 milliards de tonnes de tourbe.

Un oiseau dans le marais de Cena en Lettonie © Clara Delcroix
Un oiseau dans le marais de Cena en Lettonie © Clara Delcroix

Biodiversité dans les marécages en Lettonie

Comme je le disais précédemment, la biodiversité est spéciale dans les marais. En Lettonie, au niveau des plantes, on rencontre divers types de mousses (notamment des sphaignes), et même des plantes carnivores: les droséras. Mais ce n’est pas tout 😉

Un reportage de Nat Geo Wild sur les droséras

Les arbres les plus courants des marécages lettons sont les pins sylvestres, mais on trouve aussi de nombreux arbustes à baies comme la canneberge, l’airelle des marais, la mûre blanche ou la camarine noire.

De nombreuses autres plantes colonisent ces marais : la bruyère est sûrement la plus célèbre, mais les plus botanistes d’entre-nous repèreront l’andromède, le rhynchospore blanc, la linaigrette engainée, le lédon des marais, la laîche en ampoules, la laîche des bourbiers, la cassandre caliculé… Tout dépend de la saison 😉

Les aficionados d’ornithologie ne seront pas en reste. Les marécages lettons regorgent d’oiseaux. Au programme : oie des moissons, oie rieuse, grue cendrée, pie-grièche grise, goéland cendré, courlis cendré, courlis corlieu, Chevalier sylvain, pluvier doré ou encore tétras !

Randonner dans les marais, c’est possible en Lettonie !

Le lac Skaista dans le marais de Cena en Lettonie © Clara Delcroix
Le lac Skaista dans le marais de Cena en Lettonie © Clara Delcroix

En Lettonie, il est possible de visiter certains marais. Ils sont aménagés avec des passerelles en bois : difficile de s’y perdre, puisqu’il suffit de suivre la passerelle, et (a priori) aucun risque de se retrouver enfoui dans la vase si l’on reste sur la passerelle !

J’en ai exploré deux : le marais de Cena et sa tourbière (Cenas tīrelis), et le grand marais de Kemeri (Lielais Ķemeru tīrelis).

Même si ces deux marais sont aménagées et bien entretenus, des chaussures de randonnée étanches sont fortement recommandées pour les visiter. S’il pleut, les passerelles en bois sont (très) glissantes et la neige n’en est pas retirée en hiver. Prévoir aussi de s’habiller en fonction de la météo (pluie, neige, vent…).

À noter que les réseaux de données cellulaires (3G, 4G, etc.) ne fonctionnent pas forcément très bien dans la campagne lettone… Mieux vaut donc tout prévoir en avance.

Sentier du marais de Ķemeri (Lielā Ķemeru tīreļa taka)

La tour d'observation du marais de Kemeri en Lettonie © Clara Delcroix
La tour d’observation du marais de Kemeri en Lettonie © Clara Delcroix

Le marais de Ķemeri couvre 6192 ha : c’est l’un des plus grands de Lettonie. C’est en réalité une tourbière ombrotrophe ou tourbière haute. Derrière ce mot barbare se cache un concept plutôt simple : la tourbière est uniquement alimentée par l’eau des précipitations (pluie ou neige), et non pas par des ruissellements d’eau. Dans ce second cas, on parlerait de tourbière minérotrophe.

Dans les tourbières ombrotrophes, on trouve de nombreuses mares, des petites îles et péninsules, l’ensemble formant une sorte de labyrinthe. En hiver, elles gèlent, donnant un tout autre aspect au marécage.

Le marécage de Kemeri au petit matin

Sur le parking à proximité de l’entrée du marais, une petite cabane abrite le centre d’informations et la boutique de souvenirs. On peut y trouver une carte avec des informations (en letton, anglais, russe ou allemand).

Dans le marais de Ķemeri, il y a deux boucles différentes : l’une de 1,5 km et l’autre de 3,7 km, avec des durées annoncées respectives d’1 h et d’1 h 30. Le début des boucles est le même : en forêt, dans un environnement un peu valloné, avant de se séparer une fois dans le marécage.

Des panneaux d’information ponctuent les sentiers et permettent de découvrir la formation d’un marais et sa biodiversité. Ils sont trilingues : letton, anglais et russe. La grande boucle donne aussi accès à une tour d’observation pour observer le marécage d’en haut.

Dans le marais de Kemeri en Lettonie © Clara Delcroix
Dans le marais de Kemeri en Lettonie © Clara Delcroix

Petit bémol : Ķemeri est une attraction touristique relativement célèbre en Lettonie, attirant environ 40 000 visiteurs par an. Aussi, on peut rencontrer quelques « embouteillages » sur le sentier : difficile de doubler lorsque la passerelle en bois est étroite…

J’y suis allée un samedi après-midi où il faisait relativement beau, et je déconseille… Il y avait vraiment beaucoup de monde. Si on souhaite être au calme, mieux vaut peut-être y aller en semaine ou le matin.

Comment accéder au marais de Kemeri ?

En voiture

Pour se rendre au marais de Kemeri, le plus simple est de posséder (ou de louer) une voiture. Quitter Riga par l’A10 (en direction de Ventspils). Suivre la route pendant une quarantaine de kilomètres et tourner à gauche au panneau « Lielā Ķemeru tīreļa laipa ». Longer le cimetière de Ķemeri et poursuivre jusqu’au parking (environ 2 km). De là, il reste environ 800 m à parcourir pour atteindre le début du sentier.

Traverser des forêts de pins avant d'arriver aux marais… © Clara Delcroix
Traverser des forêts de pins avant d’arriver aux marais… © Clara Delcroix
En train

Sans voiture, il faudra marcher un peu plus 🙂 Un peu moins de 4 km séparent la gare du début du sentier (soit 8 km aller-retour). Et attention, les trains peuvent avoir du retard en Lettonie, et même beaucoup de retard (je parle d’expérience) ! Le ticket (aller simple) coûte 2,10 €.

Partir de la gare de Riga jusqu’à l’arrêt « Ķemeri » (demander directement au guichet de la gare). Traverser les voies (suivre les panneaux). Marcher tout droit jusqu’à croiser l’A10. Il y a un raccourci sur la droite environ 300 m après avoir traversé les voies, avec un panneau indiquant le sentier. Traverser précautionneusement l’A10. Continuer sur 2 km jusqu’à rejoindre le parking, comme en voiture, en longeant le cimetière.

Je suis allée au sentier de Kemeri peu de temps après la Toussaint et le passage devant le cimetière était spécial : des fleurs et des bougies étaient posées sur toutes les tombes et on pouvait encore sentir les effluves d’encens !

Sur les quais de la gare de Riga © Clara Delcroix
Sur les quais de la gare de Riga © Clara Delcroix
En bus

Il existe aussi une possibilité pour accéder au sentier en bus avec les bus Riga-Ventspils ou Riga-Kuldiga en descendant à l’arrêt « Ķemeru pagrieziens ». Ne pas hésiter à demander confirmation au chauffeur que le bus s’arrête bien à cet arrêt.

L’aller simple coûte 2,45 €. Les tickets de bus peuvent (en général) être achetés directement au conducteur, mais ces derniers ne parlent pas toujours anglais. En outre, mieux vaut prévoir du liquide pour payer son trajet.

À la sortie du bus, il faut continuer tout droit à pied sur 300 m, jusqu’au panneau indiquant le sentier. De là, comme pour le trajet avec le train, on longe la route sur 2 km le long du cimetière avant de rejoindre le parking.

Pour vérifier les horaires et le prix du train ou du bus, rendez-vous sur 1188.lv, sélectionner « EN » en haut à gauche (pour mettre le site en anglais), puis l’onglet Transport. Indiquez alors « Riga » et « Kemeri » dans les champs.

Sentier du marais de Cena (Cenas tīreļa purva laipa)

Un banc le long du sentier dans le marais de Cena en Lettonie © Clara Delcroix
Un banc le long du sentier dans le marais de Cena en Lettonie © Clara Delcroix

Le marais de Cena couvre une surface de 2133 ha. Il s’agit d’une tourbière dont la protection a commencé en 1930, mais la tourbe y est encore exploitée de nos jours. Dans ce marécage, on trouve plus de 50 plantes et animaux protégés, notamment des grues et des oies.

J’ai effectué le sentier début novembre et il était réellement désert. J’ai uniquement croisé un groupe de personnes lorsque j’atteignais la fin de la boucle.

Des tables de pique-nique et des toilettes sont à disposition au départ du sentier. C’est un peu étrange car on a vraiment l’impression d’être au milieu de nulle part (aucune habitation à l’horizon).

Le sentier de 5 km commence par longer la tourbière. On atteint rapidement une tour d’observation qui donne une vue sur la tourbière exploitée.

Le sentier continue en forêt avant de poursuivre au cœur du marécage. À la sortie de la forêt le paysage est très étrange à l’automne : désertique, des arbres dénudés de toute feuille craquent dans le vent… Presque effrayant ! 😄

Puis on débouche sur le lac Skaista. Chemin faisant, on rejoint une tour d’observation qui permet d’avoir une vue sur l’ensemble du marécage avant de retourner au point de départ.

L’ensemble est très plat, mais il y a quelques points négatifs : certains tronçons sont vraiment droits (on a l’impression de ne pas avancer) et il faut passer deux fois sur une partie du tracé (à l’aller et au retour).

De nombreux bancs et panneaux d’information longent le sentier du marais de Cena. Ces derniers, en letton et en anglais, portent sur l’histoire des marais en Lettonie et l’extraction de tourbe, sur la formation des marais ou encore la végétation ou la faune

Les amateurs d’ornithologie s’en donneront à cœur joie dans ce marécage, on y rencontre de nombreux oiseaux.

Le marais de Cena d'en haut © Clara Delcroix
Le marais de Cena d’en haut © Clara Delcroix

Comment se rendre au marais de Cena ?

Le marais de Cena est plus difficile d’accès.

Le plus simple est d’être véhiculé. L’itinéraire est beaucoup moins direct que pour le marais de Kemeri, aussi mieux vaut être équipé d’un système de navigation quelconque (GPS, téléphone avec données cellulaires…). Les coordonnées du parking sont 56.8627, 23.7886.

En transports en commun, il faut prendre le bus Rīga-Kalnciems jusqu’à l’arrêt « Annas » (environ 40 min). Le ticket coûte 1,75 €. 7 km séparent cet arrêt du début du sentier. Je les ai parcourus en 1 h 30 de marche environ.

© Clara Delroix
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Plus de 400 ans d’Histoire et de traditions : la foire de Saint-Casimir à Vilnius

Kaziuko mugė, la foire de Saint-Casimir est un marché où se côtoient à la fois art, artisanat et simples stands de fruits et légumes ou de poisson. Mais surtout c’est une tradition vieille de plus de 4 siècles.

La foire de Saint Casimir est issue des processions en l’honneur de Saint-Casimir, ou Kazimieras en lituanien. Chaque année, elle a lieu le week-end le plus proche du 4 mars, jour de la Saint-Casimir.

La procession en l’honneur de Saint Casimir © Clara Delcroix
La procession en l'honneur de Saint Casimir © Clara Delcroix
La procession en l’honneur de Saint Casimir © Clara Delcroix

Les origines du marché

Saint-Casimir est le fils de Casimir IV, roi de Pologne et grand-duc de Lituanie. Mais c’est avant tout le saint patron de la Lituanie et de la Pologne. Il est décédé le 4 mars 1484, faisant de ce jour la Saint-Casimir. Après sa canonisation en 1602, la construction de l’église jésuite Saint-Casimir a débuté à Vilnius, devenant le premier sanctuaire baroque de la ville.

À cette époque, on avait le droit de faire du commerce dans la rue centrale de Vilnius pendant la « fête de Kaziukas ». Principalement les gens des campagnes venaient vendre le fruit de leur travail, artisanat ou nourriture. Commerçants et citoyens étaient satisfaits par cet événement : les premiers se réjouissaient de la demande, les seconds de l’offre à bon prix. La fête est devenue tradition.

Du poisson fumé à la foire de Saint Casimir © Clara Delcroix
Du poisson fumé à la foire de Saint Casimir © Clara Delcroix

Mais au fil des ans, les festivités ont évolué. Le marché a grandi, et s’est rythmé de musiques folkloriques, danses, et autres performances : plus qu’un simple marché, c’est devenu une véritable foire. Se tenant tantôt sur la place de la Cathédrale, tantôt sur la place Lukiškės, ou encore au marché de Kalvarijos, la foire de Saint-Casimir est finalement retournée sur son emplacement d’origine en 1991, dans la vieille ville de Vilnius.

Kaziuko mugė de nos jours

À la foire de Saint Casimir, le šakotis est fait sous les yeux du public © Clara Delcroix
À la foire de Saint Casimir, le šakotis est fait sous les yeux du public © Clara Delcroix

Aujourd’hui, la foire attire des dizaines de milliers de visiteurs et de nombreux artisans venus de tout le pays, ainsi que de pays voisins comme la Lettonie, la Russie ou la Pologne. C’est l’un des principaux événements culturels annuels de Vilnius. Ces dernières années, la foire s’est aussi étendue à d’autres villes de Lituanie, comme Kaunas, Alytus, ou Klaipėda.

 En complément du marché, des performances artistiques – musique ou danse principalement – sont organisées. Toutefois, l’origine religieuse de l’événement ne sombre pas dans l’oubli : la foire s’ouvre traditionnellement avec une procession en l’honneur de Saint-Casimir, le vendredi en début d’après-midi.

Que trouve-t-on au marché de Saint-Casimir ?

Stand de verbos à la foire de Saint Casimir © Clara Delcroix
Stand de verbos à la foire de Saint Casimir © Clara Delcroix

Déambuler dans le marché de Saint-Casimir permet de découvrir certains pans de la culture lituanienne, que ce soit par des objets artisanaux, ou des stands proposant des plats traditionnels. Parmi les incontournables : les verba, des bouquets de fleurs et herbes séchées et colorées pour le dimanche des Rameaux, les baranka, des colliers de biscuits ronds, ou encore les cœurs de Kaziukas, des pains d’épices en forme de cœur décorés de sucre coloré. Le chauffe-poignets orné de perles est récemment devenu un incontournable.

Un stand de Barankas © Clara Delcroix
Un stand de Barankas © Clara Delcroix
Un stand de sucreries © Clara Delcroix
Un stand de sucreries © Clara Delcroix

Mais il est impossible de faire une liste exhaustive, car on trouve vraiment de tout : vêtements, chaussures, objets en bois ou en métal, peintures, vanneries, céramiques… L’alimentaire a aussi sa part avec le pain de seigle, la viande, les produits laitiers, le miel, la bière, ou encore le kvas (boisson fermentée à base de pain de seigle). À noter que ces boissons sont aussi servies chaudes – important lorsque les températures sont négatives.

Un stand de poteries © Clara Delcroix
Un stand de poteries © Clara Delcroix
Un forgeron à la foire de Saint Casimir © Clara Delcroix
Un forgeron à la foire de Saint Casimir © Clara Delcroix

Personnellement, s’il me fallait conseiller une période de l’année pour visiter la Lituanie, je dirais la foire de Saint-Casimir ! C’est l’un des événements qui m’a le plus plu lors de mon Erasmus en Lituanie 🙂


Fêter son indépendance deux fois, et pourquoi pas ? Les Lituaniens le font en tout cas.

En général, l’indépendance d’un pays est célébrée une fois par an. Ça semble plutôt logique d’ailleurs… Mais en Lituanie, l’indépendance est fêtée deux fois : le 16 février et le 11 mars. Explications.

Quand j’étais en Lituanie, en 2019, j’ai été surprise : à peine un mois d’écart et deux célébrations d’indépendance. Ça leur tient à cœur on dirait. Mais lorsqu’on connaît l’Histoire de ce pays, on comprend mieux : au XXe siècle la Lituanie était disputée par plusieurs pays, alors leur indépendance, ils la savourent. 16 février et 11 mars, deux dates et une origine propre à chacune.

Avant toute chose, il convient d’établir une première distinction : alors que le 11 mars est un « simple » jour férié, le 16 février est le jour de la fête nationale. Il correspond à notre 14 juillet français.

La Lituanie au XXe, histoire complexe

La Lituanie est un vieux pays. On peut dater sa fondation au XIIIe siècle, avec la création du Grand-duché de Lituanie. Suite à l’union de Krewo (1385) et l’union de Lublin (1569), Lituanie et Pologne ne font plus qu’un : la République des Deux Nations.

À la fin du XVIIIe siècle, la Pologne est partagée entre la Prusse (actuelle Allemagne), l’Autriche et la Russie. La Lituanie devient russe.

Seulement, en 1914, la Première Guerre mondiale éclate. Et suite à la bataille de Varsovie en 1915, l’Allemagne occupe une partie de la Russie, dont l’actuelle Lituanie. La Lituanie devient allemande.

La statue de Vladas Jurgutis (le « père du litas lituanien », monnaie lituanienne avant le passage à l’euro) sur l’avenue Gedimino décorée à l’occasion du 16 février 2019 © Clara Delcroix

À la fin de la Première Guerre mondiale, l’Allemagne est affaiblie. C’est à ce moment que la Lituanie déclare son indépendance, le 16 février 1918, première date commémorée de nos jours.

Pendant l’entre-deux-guerres, la Lituanie est un pays à part entière. Mais en 1940, au début de Seconde Guerre mondiale, l’union soviétique annexe la Lituanie et les autres États baltes (la Lettonie et l’Estonie). Suite à l’opération Barbarossa, surprise : c’est le retour des Allemands en Lituanie, l’Allemagne nazie cette fois.

En 1944, le Lituanie (re)devient soviétique et il faudra attendre le 11 mars 1990 pour que la Lituanie devienne la première république soviétique à déclarer son indépendance. Cette seconde indépendance est toujours célébrée aujourd’hui.

Deux dates, deux histoires… Mais comment se déroulent les commémorations dans la capitale, Vilnius ?

Dans les deux cas, les transports en commun sont gratuits et les couleurs de la Lituanie sont mis à l’honneur, et pas uniquement sur les drapeaux, mais aussi les bonnets, les écharpes, les gants…

Le 16 février, jour de la restauration de l’État lituanien

Le 16 février 1918 correspond donc à la signature de la Déclaration d’indépendance de la Lituanie vis-à-vis de l’Allemagne. On parle aussi de la loi du 16 février. En lituanien, cette journée se nomme «Lietuvos valstybės atkūrimo dieną».

drapeau lituanien antakalnis
Un drapeau lituanien suspendu à un balcon d’Antakalnis le 16 février 2019 (Vilnius, Lituanie) © Clara Delcroix

À Vilnius, les drapeaux lituaniens sont de sortie. On en voit aux fenêtres jusqu’à Antakalnis, le quartier où j’habitais – qui pourtant n’est pas central. Des petits drapeaux sont aussi accrochés aux trolleybus (transport en commun entre le tramway et le bus).

place cathedrale vilnius 16 fevrier 2019
Le beffroi de la cathédrale de Vilnius aux couleurs de la Lituanie le 16 février 2019 © Clara Delcroix

Dans le centre-ville, les feux tricolores sont allumés, mais dans l’ordre jaune-vert-rouge : les couleurs du drapeau lituanien. Peu importe, le centre-ville est piétonnisé ! 🙂 Les principaux monuments de la ville sont aussi teints du trio jaune-vert-rouge : le beffroi de la cathédrale, le pont blanc, le pont vert et le pont Mindaugas, la mairie, la philharmonie… En outre, certaines rues sont décorées spécialement pour l’occasion.

Les feux tricolores aux couleurs lituaniennes pour la fête nationale
Les feux tricolores ont changé de couleur le 16 février 2019 à Vilnius, Lituanie © Clara Delcroix

Plus solennellement, un hommage aux signataires de l’acte de l’indépendance est rendu dans le cimetière Rasos, une messe a lieu dans la cathédrale de Vilnius et une commémoration se tient dans la Maison des Signataires de l’Indépendance de la Lituanie, dans la rue Pilies du centre-ville.

feu gedimino prospektas
Le 16 février 2019, allumage d’un feu sur l’avenue Gedimino (Vilnius, Lituanie) © Clara Delcroix

L’année dernière, le 16 février marquait aussi les 70 ans de la Déclaration des partisans lituaniens du 16 février 1949. Dans cette déclaration, l’Union des combattants lituaniens pour la liberté endossait la responsabilité de diriger la restauration de l’État indépendant de Lituanie. Pour cet anniversaire, 70 feux ont été allumés sur l’avenue Gedimino (principale artère de la ville), de la place de la cathédrale à la place Lukiškės. Le soir, près de ces braseros, l’ambiance était bon enfant. Autour de l’un on chantait, autour de l’autre on dansait…

Des braséros allumés pour la Fête nationale lituanienne
Une militaire devant un feu de l’avenue Gedimino le 16 février 2019 (Vilnus, Lituanie) © Clara Delcroix

La journée s’est terminée par un concert de Aistė Smilgevičiūtė et Skylė intitulé Broliai sur la place de la cathédrale.

Le 11 mars, jour du rétablissement de l’indépendance de la Lituanie

foule 11 mars 2019 lituanie
La foule lors du 11 mars 2019 en Lituanie © Clara Delcroix

Comme expliqué précédemment, en Lituanie on commémore également le 11 mars 1990, marquant l’indépendance de la Lituanie vis-à-vis cette fois de l’URSS. En lituanien, cette journée s’appelle « Lietuvos Nepriklausomybės atkūrimo diena ».

lacher ballons 11 mars 2019 vilnius lituanie
Le lâcher de ballons à l’occasion du 11 mars 2019 à Vilnius, Lituanie © Clara Delcroix

L’année dernière, la cérémonie a commencé à midi sur la place de l’indépendance (Nepriklausomybės aikštė), à proximité du Seimas (parlement lituanien). Au programme : un discours de Dalia Grybauskaitė, alors présidente de la Lituanie, puis la cérémonie de levée des drapeaux des trois États baltes (la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie), un lâcher de ballons aux couleurs de la Lituanie.

defile militaire 11 mars 2019 lituanie vilnius
Le défilé militaire du 11 mars 2019 à Vilnius, Lituanie © Clara Delcroix

S’en est suivi un défilé des forces armées lituaniennes, un peu à la manière de notre défilé du 14 juillet. Enfin, un long drapeau lituanien (long de 400 m), a été déployé et déplacé dans l’avenue Gedimino, du Seimas à la place de la cathédrale. Les habitants de la ville marchaient à ses côtés.

drapeau lituanien vilnius gedimino
Un drapeau lituanien de 400 m de long sur l’avenue Gedimino (Vilnius, Lituanie) © Clara Delcroix

Dans votre pays, fête-t-on aussi l’indépendance ? Qu’est-ce qui est fêté le jour de la fête nationale ? Comment ont lieu les festivités ?


Il y a 29 ans, les Lituaniens se battaient pour leur indépendance

Je l’ai découvert ce matin. J’étais sur Instagram et un post m’a interpellée : une triptyque photo représentant la tour de télévision de Vilnius (Lituanie). Une fois illuminée en jaune, une fois en vert, et enfin en rouge : les couleurs du drapeau lituanien. Pourquoi ? Que s’était-il passé ?

Ni une ni deux, je pose la question sur Facebook : « Who can explain me what happened on January 13th in Lithuania? » (traduction : « Qui peut m’expliquer ce qui s’est passé le 13 janvier en Lituanie ? »). Merci d’avance à Rūta Latinytė qui a pris le temps de m’expliquer 🙂

https://www.instagram.com/p/B7O4Qq0nqFz/?utm_source=ig_web_copy_link

J’étais un peu surprise : à cette date, j’étais à Vilnius l’an dernier. Mais pourtant aucun souvenir de cet événement ne me vient à l’esprit… Alors si vous aussi vous ne connaissez pas la journée des Défenseurs de la Liberté commémorée tous les ans 13 janvier en Lituanie, je vais vous expliquer.

Un peu d’Histoire : URSS et Lituanie

La dislocation de l’URSS s’est produite le 26 décembre 1991. Mais la Lituanie avait déjà déclaré son indépendance plus d’un an auparavant : le 11 mars 1990. C’était la première république soviétique à le faire ! Elle sera suivie par la Lettonie en mai 1990 et par l’Estonie en août 1990.

En janvier 1991, l’URSS a voulu reprendre le contrôle des pays Baltes, dont la Lituanie. Elle a envoyé des troupes armées dans chacune des nouvelles républiques. Vilnius, capitale lituanienne, n’a pas été épargnée : ce fut la première et la plus touchée des capitales.

Le 10 janvier, Mikhaïl Gorbatchev, alors dirigeant de l’URSS, demande au Conseil Suprême de la République de Lituanie la restauration de la constitution de l’URSS en Lituanie. Il menace d’intervenir militairement si ce n’est pas fait.

La tour de télévision de vilnius © Clara Delcroix
La tour de télévision de vilnius © Clara Delcroix

Le 11 janvier, l’ultimatum est réitéré : les Lituaniens doivent s’y conformer avant 15 h. Mais peu avant midi, les troupes soviétiques s’emparent du ministère de la Défense à Vilnius, puis de la maison de la presse quelques minutes plus tard. Dans l’après-midi, des actions ont lieu dans d’autres villes du pays, comme Šiauliai ou Nemenčinė.

Le 12 janvier, pendant la nuit, des civils lituaniens désarmés viennent de tout le pays pour encercler et défendre des bâtiments stratégiques : le Parlement (Seimas), la tour de télévision, les bâtiments de la télévision et de la radio nationales (LRT – Lietuvos nacionalinis radijas ir televizija)…

Vers 4h30, les soldats soviétiques essaient de s’emparer de l’académie de police à Vilnius, mais échouent. Dans la nuit du 12 au 13, deux colonnes de véhicules partent d’une base militaire à proximité de Vilnius : l’une se dirige vers le centre-ville de Vilnius, l’autre la tour de télévision de Vilnius (parfois dite tour de Vilnius).

Le 13 janvier, imprimé dans la mémoire collective lituanienne

Vers 1h30, le dimanche 13 janvier 1991, les militaires soviétiques commencent à tirer des balles à blanc sur les foules de civils, brisant des fenêtres à proximité et rendant certains manifestants sourds. Mais par la suite, l’on passe des balles à blancs aux balles réelles, et les chars foncent sur le rassemblement, écrasant des civils. Bilan : 14 civils sont décédés et 164 ont été blessées…

Ci-après, quelques images tournées par la télévision nationale lituanienne à l’époque (sous-titré en anglais). Des photos sont aussi visibles dans l’article « Occupied but not silenced. January 13, 1991: the night when Soviets stormed LRT ».

Occupied but not silenced. January 13, 1991.

January 13, 1991. Months after Lithuania declared independence, Soviets occupy the radio and TV buildings. Journalists working for LRT today were at their desks when the first shots were fired

Publiée par LRT English sur Vendredi 10 janvier 2020

Ces attaques sont parfois comparées au Bloody Sunday irlandais et sont commémorées en Lituanie lors de la journée des Défenseurs de la Liberté, le 13 janvier.

Dans la journée du dimanche, plus de 50 000 personnes manifestent pour l’indépendance de la Lituanie et notamment sur la place de l’indépendance à proximité du parlement. Les civils construisent des barricades avec des matériaux récupérés sur un chantier voisin.

Les troupes soviétiques se sont retirées dans la journée du 13 janvier. Par la suite, l’URSS a démenti les tirs sur les civils. D’après eux, les membres du Mouvement réformateur de Lituanie (Sąjūdis) auraient ouvert le feu en premier.

Rūta m’explique que son père était à proximité du parlement cette nuit-là. Elle ne manque pas d’ajouter avec humour :

« J’avais 6 ans et je me suis réveillé très déçue d’avoir manqué la guerre pendant la nuit. Mais j’étais très heureuse de voir papa de retour à la maison. »

Ci-dessous, un reportage télévisé sur les événements de janvier 1991 (en lituanien, sous-titré en anglais).

Et depuis ?

Depuis, ces événements sont commémorés tous les ans, même si la journée n’est pas fériée. En général, des feux sont allumés devant le Parlement et des commémorations ont lieu dans les écoles et autres institutions publiques. Dans l’article « Lithuania marks Jan 13 anniversary and honors freedom defenders », on peut voir des images des commémorations de cette années.

À proximité de la tour de télévision, là où des civils sont décédés, de petites obélisques en granite ont été érigées. En 2005, Darius Bražiūnas et Artūras Asauskas ont créé une statue en bronze de 8 mètres de haut, « Le sacrifice », visible près de la tour de télévision. Elle représente une femme debout sur une cloche, levant les bras au ciel.

Le mémorial du 13 janvier à Vilnius © Go Vilnius
Le mémorial du 13 janvier à Vilnius © Go Vilnius

En 2008, le mémorial du 13 janvier a été construit à proximité du Seimas (parlement lituanien).

L’année prochaine, les événements de janvier auront 30 ans. En aviez-vous déjà entendu parler ?