L’échange Brigitte Sauzay, pour vivre 3 mois dans une famille allemande

Article : L’échange Brigitte Sauzay, pour vivre 3 mois dans une famille allemande
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30 septembre 2019

L’échange Brigitte Sauzay, pour vivre 3 mois dans une famille allemande

Un échange Brigitte Sauzay permet de vivre 3 mois en immersion dans une famille allemande. Grâce à ce programme, il y a presque 5 ans, je suis partie à Prien-am-Chiemsee, au sud de l’Allemagne.

Cet article est le premier d’une série de trois, retrouvez aussi Mon échange Brigitte Sauzay en Allemagne, à Prien-am-Chiemsee et 5 ans plus tard, que reste-t-il de mon échange Sauzay ?.

Qu’est-ce qu’un échange Sauzay ?

Dans le cadre du cursus AbiBac (baccalauréat français et Abitur allemand), faire un échange nous était grandement recommandé, notamment les échanges Sauzay ou Voltaire. Si vous vous le demandez, Brigitte Sauzay était une interprète de langue allemande. Elle a notamment travaillé auprès de plusieurs chefs d’État français.

L’échange Sauzay est, en principe, réalisable en 4ème, 3ème, 2nde et 1re. En général, pour une durée totale de 6 mois : 3 mois en France et 3 mois en Allemagne (mais les plus jeunes peuvent réduire un peu la durée). Mais après, tout dépend des établissements. Le plus simple est donc de se rapproche de son enseignant d’allemand.

Pendant l’échange, l’élève vit dans une famille d’accueil : la famille de son(sa) correspondant(e). C’est l’occasion de partager le quotidien d’une famille allemande, d’un collégien ou lycéen allemand, voire de créer des amitiés outre-Rhin.

C’est aussi une bonne opportunité pour s’améliorer en langue allemande ! Pour ma part, avant l’échange, nous nous étions mises d’accord avec ma correspondante : en Allemagne nous parleront uniquement allemand, et en France uniquement français. Je connais certaines personnes qui se sont retrouvées à parler uniquement allemand ou uniquement français lors de leur échange. C’est un peu dommage, car, pour moi, l’idée est que les deux partis puissent s’améliorer.

Dernier point concernant les cours normalement suivis en France : normalement, sur la durée de l’échange, il ne faudra pas rattraper les cours français. J’ai passé quelques DS en Allemagne, mais ils étaient plus décoratifs qu’autre chose : au final, ils n’ont jamais été indiqué dans le relevé de notes de mon lycée.

Nouvelles architectures, nouveaux paysages : ici, un chalet allemand en Bavière © Clara Delcroix
Nouvelles architectures, nouveaux paysages : ici, un chalet allemand en Bavière © Clara Delcroix

Quelle durée pour un échange ?

Un échange Brigitte Sauzay, comme indiqué précédemment, a une durée totale de 6 mois : 3 mois en France et 3 mois en Allemagne. D’autres options existent. Le programme Voltaire s’effectue sur une durée totale de 12 mois : 6 mois en France et 6 mois en Allemagne. Et enfin, on peut prendre part à un programme individuel, de durée libre : par exemple 20 jours (10 jours en France et 10 jours en Allemagne) ou 4 semaines (2 semaines en France et 2 semaines en Allemagne).

Avant mon échange Sauzay, j’avais déjà fait 2 échanges plus cours avec l’Allemagne, entre ma 4ème et ma 3ème : 2 semaines à Ratisbonne et 10 jours à Francfort-sur-le-Main. Ces petits échanges sont un bon moyen pour avoir un aperçu de la vie quotidienne allemande et pour se tester dans un environnement inconnu, voire s’habituer à vivre loin de sa famille (qui peut être très déchirant selon les personnes !).

Mon échange Sauzay s’est bien déroulé : je n’ai jamais eu de gros mal du pays pendant les 3 mois, et j’étais même un peu triste de devoir (déjà) rentrer.

Concernant les échanges Voltaire, je n’ai vu que de rares personnes avec lesquelles ça a fonctionné… Je suis un peu sceptique du fait de partir seul 6 mois à l’étranger lorsqu’on est âgé de 14 ans. En général, au bout de 3 mois, ça « explosait » : il y avait des problèmes avec la corres ou la famille d’accueil, si bien que l’élève changeait de famille… et repartait pour 3 autres mois !

3 mois dans une famille, 3 mois dans une autre, puis retour en France… Pour moi, cela s’apparente davantage à deux échanges Sauzay qu’à un Voltaire…

Autre point auquel on ne pense pas forcément : un échange Voltaire, c’est certes partir 6 mois à l’étranger, mais c’est aussi partager son quotidien pendant une année complète… avec un(e) inconnu(e). Et même si on aime beaucoup la personne, ça peut-être compliqué.

Personnellement, au bout de 6 mois à côtoyer ma corres, j’avais des difficultés à la supporter. Je n’imagine même pas si ç’avait été 12 mois. J’avais juste envie de retrouver mon « indépendance », ma « liberté ». Car la corres « nous suit partout », plus ou moins : à l’école, à la maison, aux activités extra-scolaires… Et pourtant, ma corres et moi sommes encore en contact aujourd’hui, 5 ans plus tard !

Bref, vous l’aurez compris, dans certains cas un échange Voltaire peut très bien se passer, et parfois ça échoue. C’est pareil pour l’échange Sauzay. Et même les échanges plus courts.

Y a-t-il certaines régions à privilégier ?

En général, on choisi son ou sa corres sur des critères d’affinité. Mais, si on annonce à son enseignant d’allemand qu’on va faire un échange Sauzay à Prien-am-Chiemsee, sans se décomposer, son visage émet quand même un certain doute. Prien-am-Chiemsee, c’est la Bavière. Le sud sud de l’Allemagne. À côté de la frontière autrichienne : de l’autre côté c’est le Tyrol !

La région est certes magnifique : bucoliques paysages montagneux et pittoresques villages aux chalets en bois (oui, comme dans Heidi… qui se déroule dans les Grisons, en Suisse d’ailleurs). On y trouve même un resplendissant château de contes de fées au nom imprononçable : Neuschwanstein. Et puis, comment comptez-vous vous intégrer dans une région où l’alimentation est uniquement composée de bretzels, de Weißwurst, et de moutarde sucrée (süßer Senf), le tout accompagné de pintes de bière d’un litre au minimum (vive la fête de la bière de Munich, l’Oktoberfest, soit dit en passant !) ?

Et il faudra forcément apprendre à yodler (oui, les fameux yodel-a-i-ou), afin de se faire entendre au-delà des montagnes. Sans oublier, bien sûr, l’achat de vêtements locaux pour mieux se fondre dans la population locale : Dirndl pour les femmes (robe traditionelle), Lederhose (culotte de cuir), chaussettes jusqu’aux genoux et chapeau à plume pour les hommes.

Trêve de plaisanterie et de clichés (excepté le fait que la région est magnifique, ça pour le coup c’est vrai) : le gros problème pour les enseignants d’allemand, c’est l’accent bavarois. Entre r roulés et mots qui différent par rapport à l’allemand enseigné à l’école, ils s’inquiètent. Allez-vous comprendre les locaux ? Et vont-ils vous comprendre ? N’allez-vous pas revenir avec un gros accent bavarois ?

Eh bien, disons que comme pour les accents régionaux français, en général, dans les grandes villes le problème ne se pose pas trop. Et même à Prien-am-Chiemsee et ses 10 000 habitants, dans ma classe, seul un élève avait un fort accent. Désormais, je ne rencontre aucun problème pour me faire comprendre dans les autres parties de l’Allemagne, impressionnant, non ?

Bien sûr, encore aujourd’hui, j’ai des restes de mon séjour en Bavière. Si on me dit « Servus » pour me saluer en Allemagne, je le comprendrais sans problème. De même, il me reste parfois des bribes de prononciation issues de Bavière (comme le -ig à la fin des mots, comme dans lustig ou Honig). Mais ce n’est en aucun cas gênant ou handicapant.

Comment se passe un échange Sauzay ? Quelles sont les démarches ?

La première étape : trouver un(e) correspondant(e), corres pour les intimes. Parfois votre collège ou votre lycée peut vous aider. Il faut en parler à votre enseignant d’allemand.

Pour ma part, j’ai utilisé le site de l’OFAJ, l’Office Franco-Allemand de la Jeunesse. Il existe une rubrique « Petites annonces » spécialement créée dans cette optique. Cette même rubrique est aussi très utile pour trouve un(e) correspondant(e) dans le cadre d’autre échanges, plus courts ou plus longs.

Vous pouvez aussi répondre à des annonces existantes, si certaines vous intéressent. J’ai débuté mes recherches environ une année en avance, afin d’avoir vraiment le temps de trouver la personne avec laquelle ça semblait coller au mieux.

L'échange Sauzay peut aussi être un moyen de visiter d'autre villes, comme ici Salzbourg, avec le jardin Mirabell © Clara Delcroix
L’échange Sauzay peut aussi être un moyen de visiter d’autre villes, comme ici Salzbourg, avec le jardin Mirabell © Clara Delcroix

En guise d’exemple, voici l’annonce que j’avais rédigée à l’époque :

Hallo,

Ich heiße Clara DELCROIX. Ich bin ein Mädchen alten 14 Jahren (30.10.1999). Ich wohne in dem Norden von Frankreich, in Lille. Ich habe ein Fisch ohne Name. Ich habe eine Schwestern, Yseult, alten 16 Jahren. Meine Eltern raucht und meine Mutter probiert anhalten. Meine Mutter ist Deutschlehrerin und mein Vater hat ein sehr kompliziert Beruf, aus Kürzung arbeit er am Computer.

Ich liebe Natur, lesen und basteln (kochen, stricken, töpfern…). Ich mag am Computer spielen. Ich klettere und mache Leichtathletik (aber ich mag fast alles Sport). Ich mag auch dem Musik : jetz lerne ich allein Gitarre und ein bisschen Harmonika aber ich kann auch Flöte und Maultrommel spielen.

Ich habe schon zwei Austausch machen : der erste war dicht Regensburg (im Bayern) und der zweite war dicht Frankfurt. Ich habe ein gut Niveau in Deutsch, vielleicht A2 oder B1. Nächst Jahr will ich Abibac machen. Und ich will ein Program Sauzay machen am nächst Schuljahr (2014-2015) aber, wenn du willst, du kannst kommen am Frühling. Wir können auch Skype machen oder Email schreiben. Wenn der Stadt wo du wohnt nicht weit ist, wir können vielleicht uns zu treffen mehr oft 😉

Bis bald!

J’avais déjà un bon niveau d’allemand. Et peut-être bien que ma maman, enseignante d’allemand, avait relu le message avant que je ne le poste… 😉 Bien sûr, il n’était pas parfait (je m’en rends compte en le relisant maintenant). Mais ce n’est pas grave de faire des fautes ! Votre correspondant(e) en fera aussi sûrement. Et l’idée est justement de progresser.

J’ai reçu plusieurs réponses à mon annonce. Birgit, Selina, Anna, Luise, Inga, Katrin… Mais soit les dates ne correspondaient pas, soit la durée, soit tout simplement « la personne »…

Et puis fin janvier 2014, j’ai reçu le mail de Georgie :

Chère Clara

Je m’appelle Georgie et j’ai 14 ans. Une fille come toi je cherchais exactement. Je fait aussi beaucoup de sport. Toutes semaines je fais du acrobatics deux fois. J’aime faire du ski, du mountainbiking et l’escalade au de-hors. J’aime vraiment jouer du violin depuis l’age de cinq ans j’ai . Je suis avec les scouts, où j’ai appris à jouer de la guitare. Un peu je sais jouer aussi du piano. J’ai un grand frère, un petit frère et une petite sœur. Ma mère est enthnologue et mon père est manager de la culture. Je vais à la neuvième classe et il serait pour moi le meilleur pour faire l’échange dans la dixième classe dans l’anné 2015. Nous serions très heureux et tu pourais avoir une chambre privée. Nous habitons dans une petite ville prè lac de Chiemsee. Cet village est entre Munic et Salzbourg.

Donc, écrives-moi bientot

Georgie 😊

Après plusieurs mails et des échanges sur Facebook, c’était conclu : je partirai en premier dans la famille de Georgie, puis Georgie viendra en France.

D’ailleurs, j’ai l’ai laissé le message de Georgie tel quel, sans le corriger, afin de vous montrer que le niveau de langue nécessaire pour un échange Sauzay est tout relatif. Notons qu’après être venue 3 mois chez moi en Seconde, Georgie a passé 6 mois à Paris en Terminale. Au final, elle parlait le français couramment !

J’avouerai qu’à l’époque, ma principale tâche avait été de trouver ma correspondante. Point. Comme les dates nous convenaient à toutes les deux et que l’on semblait bien s’entendre, tout était bon !

Ma maman s’est ensuite occupée de l’organisation « administrative ». J’aurais donc du mal à vous indiquer précisément les démarches. En tout cas, désormais, il faut remplir un dossier d’échange, et au besoin on peut faire une demande de subvention. Mais je vous renvoie vers le site de l’OFAJ qui sera sûrement bien plus à jour que mes informations.

Alors, prêts à sauter dans le grand bain ? Ou bien avez-vous vécu cette expérience ? Qu’en avez-vous pensé ?

© Clara Delcroix

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