Les cours universitaires en ligne, sont-ils si terribles ?

Article : Les cours universitaires en ligne, sont-ils si terribles ?
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17 novembre 2020

Les cours universitaires en ligne, sont-ils si terribles ?

Pourquoi les articles de presse dénigrent toujours les cours universitaires en ligne ? À les lire, on a l’impression que les cours à distance sont horribles et que tous les étudiants les détestent… Pourtant, les cours version confinement ont leurs bons côtés !

En début d’année j’écrivais sur la continuité pédagogique suite au premier confinement. Des cours un peu cahin-caha, mais j’appréciais les efforts de certains enseignants… Je ne peux pas le nier, les cours à distance ont certains points négatifs. Mais en réalité, ils possèdent aussi des aspects positifs. Or ces derniers ne sont jamais évoqués !

Dans la presse, les titres sont souvent similaires : « les étudiants ne sont pas contents d’avoir des cours à distance ». Est-ce réellement le cas ? La réponse me semble plus mitigée qu’un non clair et distinct. Avec ce titrage, j’ai presque le sentiment que les journalistes projettent leurs propres craintes dans leur manière de formuler l’article et de poser les questions aux étudiants.

Après l’expérience du premier confinement et deux nouvelles semaines de cours confinés derrière moi, voici un point d’étape sur les bons côtés des cours en ligne.

Changement de faculté, changement de continuité

L’an dernier, j’étais en L3 éco-gestion à la faculté de SES (sciences économiques et sociales). Cette année j’étudie en L3 anglais-russe à la faculté de LEA (langues étrangères appliquées aux affaires).

Le changement de composante joue dans l’expérience des cours à distance : les enseignements ne requièrent pas les mêmes outils. Un exemple tout simple : en éco-gestion, il est très courant d’avoir des graphiques et des schémas. Dans un cours d’anglais ou de russe, on se contente souvent d’un texte et parfois d’images / vidéos.

Pour cette seconde vague de cours à distance, l’expérience accumulée joue aussi. Certains automatismes mis en place lors de la première vague sont vite revenus (sur l’organisation ou le suivi des cours par exemple).

Pour rappel, pendant le premier confinement, la plupart de mes enseignants nous avaient envoyé leurs notes de cours (un pdf). Pour ce second confinement, la majorité de mes cours se poursuit au moyen de vidéoconférences sur Zoom. Mais je pense que la bonne solution… ce n’est ni l’un, ni l’autre ! J’y reviendrai par la suite !

Un cadre est nécessaire

Les articles de presse évoquent souvent un « cadre » que l’université mettrait en place avec les cours en présentiel. On ne sait trop comment, ce cadre s’évaporerait avec les cours en ligne…

Mais pourtant l’ensemble des cours est maintenu. Au lieu de nous retrouver dans la salle physique de l’université, nous nous regroupons dans la salle virtuelle de Zoom. Si on arrive à la fin du cours, il n’y a plus de cours… Et si on arrive avant le cours, le cours n’a pas commencé.

Le travail en dehors de ces horaires de vidéoconférence ? Il correspond aux devoirs que nous avons en temps normal. Je ne comprends pas bien où le cadre disparaît. On nous donne des deadlines et des horaires de réunions (qui sont calquées sur notre emploi du temps normal). Quelqu’un m’explique ?

Cours en visioconférence

Devant un écran, les élèves seraient distraits plus facilement. Les enseignants, eux, sont imperturbables. Enfin, c’est ce qu’on nous laisse entendre…

En réalité, je pense qu’une heure de cours devant un écran, imaginée comme un cours en présence, est aussi fatigante pour l’enseignant que pour les étudiants.

Les étudiants sont moins attentifs, et les pauvres enseignants (ce n’est pas ironique) parlent à un écran noir… puisque nombreux sont ceux qui n’activent pas leurs caméras. Les enseignants doivent apprendre à imposer aux étudiants l’activation de leurs caméras.

Le problème est qu’un cours en ligne ne doit pas être pensé de la même manière qu’un cours en présence. Il faut le refondre totalement, revoir les durées d’enseignement (modules plus fréquents mais plus courts), le travail réalisé en autonomie…

Moins d’attention, plus de distractions ?

Chez soi, un étudiant a la tentation de vaquer à mille et une occupations. C’est (parfois) vrai. Mais est-ce un réel changement par rapport aux périodes non-confinées ?

Pendant un cours en visioconférence, on peut rapidement tomber dans le multitasking : on devient multitâche, on s’occupe de plusieurs choses en même temps, sûrement au détriment du cours…

Moi-même, pendant certains cours à distance, je fais du repassage… tout en écoutant attentivement et en jetant un œil au diaporama de temps en temps.

Mais ne le faisait-on pas déjà en présentiel ? Si, mais sous d’autres formes. Je me souviens d’étudiants en train de regarder Netflix en amphi ou traînant sur Facebook en plein cours.

Pour les devoirs, on les faisait déjà chez soi, en autonomie… J’entends que certains ont plus de facilités à travailler à l’université, à la bibliothèque par exemple, et sont donc « perturbés » sur ce point.

Mais d’un autre côté, les cours en ligne amènent une plus grande flexibilité : on s’organise comme on le souhaite, en respectant les consignes données. Ça demande peut-être un peu plus d’autonomie… Avantage ou inconvénient ? Je vous laisse décider.

Sur les distractions, je suis consciente d’avoir la chance d’être confinée chez mes parents : j’ai de l’espace et peux facilement m’installer dans un endroit calme. Tous n’ont pas ce confort.

Gain de temps

Aussi surprenant que cela puisse paraître avec les cours en ligne, je gagne du temps. Plus besoin de me rendre à l’université. Ça me permet d’économiser 1 h 30 à 2 h par jour. Pour certains ce sera plus, pour d’autres moins. Ce gain de temps, je peux l’utiliser pour approfondir certains cours ou effectuer d’autres activités (professionnelles ou de loisirs).

Quand je suis mes cours, je peux aussi m’installer plus confortablement, avec une tasse de thé à mes côtés par exemple. Et puis tout le matériel dont je pourrai avoir besoin est à proximité : plus d’oublis ! Pour une tête en l’air comme moi, c’est un gros soulagement.

Des enseignants plus accessibles ?

C’est peut-être bête, mais en présentiel, on a parfois tendance à ne pas oser approcher l’enseignant ou lui poser des questions. On trouve notre question stupide et on ne veut pas la poser devant tout le monde.

À distance, envoyer un mail à son enseignant devient chose courante. Je n’hésite pas à les contacter si j’ai une question, une remarque, une chose que je n’ai pas comprise…

J’émets une réserve sur deux points. D’abord, les enseignants doivent consulter leurs boîtes mails (oui, parfois -bien que rarement- on reste sans réponse). Ensuite, des étudiants étrangers ou dyslexiques peuvent se sentir gênés d’écrire avec des fautes alors qu’à l’oral, ça passe.

Cours en ligne = nouvelles possibilités

Les cours en ligne permettent également des choses impossibles dans une salle de classe traditionnelle. Prenons l’exemple des TD (travaux dirigés) où les 40 élèves sont divisés en groupes de 5.

Huit groupes de 5 dans une salle de classe pas si grande, ça fait beaucoup de bruit. Ça devient rapidement la cohue, on ne s’entend plus parler et il est difficile de travailler correctement dans un tel environnement.

En ligne, les enseignants nous dispatchent dans des breakout rooms (des petites salles virtuelles où seuls quelques participants se retrouvent). Dans ces salles virtuelles, plus de brouhaha ambiant ! Il est donc beaucoup plus facile de travailler en groupe.

Et je suis sûre que ce n’est pas le seul exemple ! On pourrait en trouver d’autres. N’hésitez pas m’indiquer si vous avez des idées d’ailleurs !

Cours en ligne : des pistes d’amélioration

Comme je l’écrivais en avril, je ne pense pas que les problèmes rencontrés viennent de la distance. Ils sont la conséquence d’un manque de formation ou d’un manque de moyens techniques, et ce du côté enseignants comme de celui des étudiants.

Équiper le corps enseignant en micros de bonne qualité – à défaut d’équiper aussi l’ensemble des étudiants – permettrait d’éviter que ça ne crachote et cela permettrait aussi de suivre le cours plus facilement.

Quand des enseignants nous annoncent « je ne suis pas très habitué à utiliser tel outil (Zoom par exemple) », j’ai du mal à comprendre pourquoi ils n’ont pas été formés. On s’attendait un chouïa à ce que les cours passent à distance, non ?

De plus, Internet regorge d’une mine d’outils pour rendre un cours en ligne interactif. Mais à l’exception de Zoom, les enseignants ne les utilisent pas. C’est dommage !

Ensuite, on se confond en excuses, on dit qu’il est difficile de rester attentif avec des cours en ligne… mais non ! Il faudrait repenser le cours pour l’adapter au format distanciel, comme je l’ai déjà écrit.

À nouveau, manque de connaissances des outils, manque de formation… peut-être même manque d’équipement.

Former les étudiants aux cours en ligne ?

Quant aux étudiants affirmant qu’ils ne savent pas travailler chez eux, pourquoi ne pas les former aussi ? On pourrait proposer des séances de travail ou de réflexion sur un panel de thématiques :

  • établir un environnement propice au travail
  • s’organiser pour suivre les cours à distance
  • les outils en ligne pour collaborer / prendre des notes / faire des schémas / etc.
  • comment utiliser Zoom / Google Docs / Evernote / etc.

Des sortes de modules dans lesquels chacun pourrait piocher selon ses besoins !

Et vous, qu’en pensez-vous ? Quels sont les bons côtés que vous trouvez aux cours à distance ? Ou, au contraire, quels en sont les mauvais côtés ?

Cour en ligne à l'université, image pour Pinterest - photo : CC Unsplash Maya Maceka https://unsplash.com/photos/yW-Qgw_IJXg
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